I'm Not Jesus [Coralyne McSythe]

Sujet: I'm Not Jesus [Coralyne McSythe] Mer 22 Déc - 1:40

Samedi soir. C'était traditionnellement pour une bonne partie de la jeune population de Londres et même du monde généralement synonyme de sortie, d'amusement, de fête et d'alcool. Et pour une fois dans cette masse de gens présente dans une des nombreuses discothèques de la capitale anglaise se trouvait un jeune homme qui n'avait absolument rien d'Anglais. Celui-ci était pour le moment installé à une table tranquille, en train d'observer les gens autour de lui. En réalité le jeune homme n'était ni plus ni moins qu'en repérage. Le samedi soir était souvent pour les jeunes une soirée très arrosée et il était connue que les boissons fortes quand elles étaient trop consommées conduisaient à faire tomber les inhibitions de ceux qui les consommaient rendant les hommes plus audacieux et les jeunes femmes plus enclines à céder au fait de prendre un peu de bon temps, même si cela se trouvait être avec un parfait inconnu qu'elles ne reverraient sans doute jamais.

C'était pour cette raison que l'italien qui était ce soir habillé décontracté puisque portant un maillot justaucorps, un jean, des baskets et une veste en cuir noire analysait tout ce petit monde pour trouver qui il irait séduire ce soir. Son attention finit par se stopper sur une jeune femme qui devait sans doute être légèrement plus vieille que lui, quoique ça ne voulait sans doute rien dire puisque lui-même paraissait plus que ses vingt ans véritables. Il s'approcha donc doucement de celle-ci alors qu'elle était au bar.

- Quel dommage de voir une femme seule assise à un bar l'air perdu alors que tout le monde s'amuse aux alentours sans faire attention. Le monde devient vraiment égoïste. Je m'appelle Matt, et vous ?

La musique trop forte. L'odeur désagréable. La fumée étouffante. La moiteur de l'air dûe au trop grand nombre de personne se tassant dans un espace beaucoup trop petit. Cecoktail douteux qui massérait dans son verre. Coralyne se demanda un instant ce qu'elle faisait vraiment là au fond, coincée entre cette fille complètement bourrée qui ne devait remarquer qu'à moitié la main glissée dans son tee shirt et un homme qui pleurait le nez dans son verre. Elle leva les yeux au ciel, rendant sa lassitude encore plus visible, repérable et analysable. Lorsque James étiat toujours là, ils seraietna llés au cinéma, dans un restaurant perdu et tranquille qu'il avait l'habitude de reprérer, et ... Du bout des doigts, la jeune femme effleura l'arme qui dormait paisiblement dans sa poche droite. Le simple contact froid du métal peind la ramena brusquement à la réalité.

Une réalité assez oppressante, d'ailleurs. elle pivota d'un quart de tour histoire de jauger la pièce et ses voisins proches lorsque l'homme désespéré à coté d'elle se redressa et lui souffla son haleine de bière à la figure. Coralyne se frappa le front en se redressant, fuyant le sourire béat de cet homme qui la fixait avec une instance qui n'avait plus rien d'accidentelle.

-Je vous sersquelque chose ?

Demanda soudainement le barman, extirpant la jeune femme de ses pensées. Elle secoua la tête, et alors que l'employé s'apprêtait à s'approcher d'autres clients, elle lança à la va vie :

-Un bloody mary !
-Parfait !

Répondit-il en se retourna pour lui préparer sa commande. L'instant suivant, Coralyne eut le loisir de comptempler la boisson verdâtre dans un verre tout neuf. Les effluves de voodka lui arrachèrent un haut le coeur, et elle repoussa du bout de la main la boisson qu'on venait à peine de lui déponser, préférant son cocktail douteux. Alors qu'elle se résignait à en avaler d'une nouvelle gorgée, une voix l'intepella, l'extirpant de ses pensées, manquant de la faire renverser tout son étrange mélange bleu sur les genoux.

-Je crains que tout le monde ne s'amuse pas tellement ...

Lâcha Coralyne en désignant du pouce l'homme assit à sa droite qui sanglottait maintenant dans sa propre chemis. Finalement, elle fit volte face, dévisageant le nouvel arrivant. La vingtaine. Du genre à plaire aux fille. L'air populaire, assez sûr de lui... Parfait ! Voilà exactement le genre de personne qui connaissait pas mal de monde, et donc par déduction, les potins qui vont avec. La demoiselle ne montra en rien son air satisfait et se contenta de lui adresser un malicieux sourire joueur.

-Ceci dit, un peu de compagnie n'est pas de refus, car il me semble que pour celui-ci, l'heure n'est pas à la disscution. Coralyne.

Lui répondit-elle en lui tendant une main amicale, après avoir désigné du regard son voisin qui s'affaissait de plus en plus. Elle tira de la main un siège dissimulé sous le rebrd du bar et le tendit à Matt, mettant par la même occasion un espace entre l'homme dépressif et elle.

-Matt alors ... Si ce n'est pas indiscret, à part repérer les jeune femmes désespérément seules au bar, qu'êtes vous venus faire ici ce soir ?

En effet, il y avait toujours de tout dans ce genre d'endroits. Si la majorité pensait à s'amuser sans compter, à danser, boire voir plus si affinités, il y avait toujours les personnes un peu à part. Les timides qui n'osaient pas aller accoster la personne qui leur plaisait ou préférait toujours agir comme le bon copain plutôt que d'avouer ses sentiments qui généralement étaient présents depuis un moment. Les alcooliques qui ruminaient tel ou tel point de leur passé et tournaient en lamentations voyant au fond de leur verre le reflet de leurs drames et espérant les oublier en même temps qu'ils ne vidaient une série de verres incroyables jusqu'à s'effondrer et ne plus rien ressentir pour quelques heures. Cela faisait bien dis minutes que la jeune femme fixait son verre sans y toucher ou sans rien faire d'autre d'ailleurs. Lorsqu'il s'approcha sa première remarque suivit de la désignation de l'homme à coté d'elle était plus ou moins un exemple éloquent.

- Je crois que la fête se fait dans son esprit par des moyens auxquels on ne peut avoir accès.

Finalement après l'avoir observé un instant celle-ci sourit doucement puis se présenta à son tour avant de lui tendre la main qu'il serra doucement en lui rendant un sourire sincère avant de s'assoir sur le siège proposé. La question lui amena un rire léger. Elle était loin d'être stupide manifestement voilà qui était amusant.

- Je pense comme la plupart. Essayer de me vider l'esprit en m'abrutissant à coup de musique trop forte et d'alcool de plus ou moins bonne qualité pour laisser de coté le stress et les obligations du travail effectué pendant la semaine.

Ce qui était d'ailleurs une partie de la vérité car certes même si ce n'était pas là son objectif final qui voyait plus un rapprochement de deux corps plus que de rentrer chez lui en ne sachant plus où s'était, cela lui permettait de laisser de coté son job particulier.

- Et vous-même ? Vous essayez de deviner de quoi son composées vos boissons en les fixant durablement du regard comme si chaque ingrédient allait en sortir puis flotter dans les airs afin que vous puissiez ensuite le reproduire ?

Après tout puisqu'elle partait sur le ton de l'amusement, autant la suivre et voir comment cela se passerait. Il ne faut pas chercher à avoir toujours le contrôle. Au contraire le perdre est un très bon moyen quelque fois de découvrir des choses que l'on avait pas soupçonné. Le barman passa et il lui demanda un Peter Pan. Par la température étouffante de cette salle cela ferait du bien.

- Je me demande bien pourquoi ils ont appelé cette boisson ainsi d'ailleurs, ce n'est pas comme s'il y avait le moindre lien avec le héros de l'histoire originale. Mais peut-être qu'il empêche de grandir qui sait.

Coralyne esquissa un sourire en entendant sa remarque quant à sa fascination pour ce qui se trouvait dans son verre. Il semblait avoir un brin d'humour. Au moins, cette soirée ne serait peut être pas comme les autres : banale et ennuyeuse à mourir.

-En toute honnêteté, je ne préfère pas savoir ce qu'il y a là-dedans. La couleur m'en dit suffisamment long sur l'étrangeté de la chose. De le savoir dans mon estomac me fait bien assez peur pour que j'ai envie d'en savoir plus.

D'un geste sec, elle avala le fond de son verre bleu pour rattraper le bloody mary abandonné avec l'argent qui le finançait. A nouveau, les effluves de voodka lui arrachèrent un haut le coeur, qu'elle masqua d'ailleurs terriblement bien. Au même instant, son nouveau partenaire de bar commanda à son tour un cocktail, au nom qui attira la curiosité de Coralyne. Elle regarda le barman déposer une boisson plus orange qu'une citrouille devant lui.

-Exellente question. Peut être, qui sait ... Si ça se trouve, vous avez entre vos mains l'elixir de jouvence, et personne n'en est conscient ...

Elle lui adressa un sourire joueur en attrapant résolument son propre verre et la bouteille de tabasco que le barman lui avait déposé. Elle en fit tomber quelques gouttes, puis, après hésitation, secoua énergiquement la bouteille au dessus de son verre et regarda les gouttelettes rouges se diluer dans le rouge de sa boisson. Ceci fait, elle leva son verre vers Matt et lâcha :

-Eh bien, Matt, à la votre, puisque vous m'avez sauvé de la solitude !

Elle acheva sa phrase d'un clin d'oeil et vida un bonne partie de son verre avant de le reposer délicatement sur le bar. Elle cru un instant que le bloody mary allait repartir d'où il venait, mais parvint à se retenir et avala difficilement la boisson rouge sang. L'odeur de la voodka lui remonta au nez, en même temps que le tabasco lui arrachait la gorge. Mais, gardant une parfaite maîtrise d'elle-même, Coralyne se contenta de sourire légèrement.

-Au fait, Matt... Maintenant que nous avons passé l'étape du premier verre, je pense qu'on peut se tutoyer non ?

Une des choses que Matt adorait en ce qui concernait la parole se trouvait dans le jeu certes qui peut souvent apparaitre comme plus ou moins plaisant selon les cas de la répartie. Même si là le contexte n'était pas de lancer un pic envers quelqu'un d'une manière ou d'une autre, le fait de trouver une réponse qui paraisse approprié et dans l'ordre d'esprit de ce à quoi pouvait s'attendre la personne en face de lui était une habitude qui le divertissait. Pour autant la réponse lui tira un rire léger.

- Il est vrai que l'apparence n'inspire guère confiance. On pourrait presque croire qu'il s'agit d'acide qui se préparerait à faire fondre l'acier de tout élément métallique aux alentours.

Celle-ci finit par récupérer sa boisson au nom qui avait été plus d'une fois entendu sans doute dans les soirées d'Halloween et dont on ne comptait plus la légende urbaine tant elle était connue des générations ou bien totalement oubliées selon les cas. Quoiqu'avec les films fait sur ce personnage appartenant au surnaturel, tout le monde devait connaitre plus ou moins l'histoire de cette histoire non réelle.

- Promis si je vois que je ne donne plus l'air de vieillir je vous recontacte pour que vous puissiez en profiter également. Ce sera notre petit secret.

Coralyne finit par prendre son verre et vouloir faire un toast à son honneur pour le fait qu'il ait engagé une conversation entre eux. Il répondit à son clin d'œil par un sourire et but lui aussi une longue gorgée de sa boisson, sans aucun doute moins forte que celle de sa nouvelle connaissance. Puis elle lui demanda s'ils pouvaient se tutoyer.

- Comme vous le souhaitez. Je le faisais par pure politesse comme l'aurait fait n'importe qui. Mais il est vrai que se tutoyer mets généralement plus à l'aise. Donc tutoyons nous.

Après tout il n'était pas forcément du genre à apprécier la distance que mettait le vouvoiement entre les personnes. Certes cela était bien plus respectueux mais dans le contexte actuel était-ce vraiment nécessaire ? Sans doute pas. Les gens étaient réunis tous ensemble dans un même lieu et pourtant chacun était pour ainsi dire séparé des autres, c'était assez amusant à voir.

- Tu viens souvent passer tes soirées dans ce genre d'endroits le week-end ou bien c'est occasionnel et plus pour changer un peu de tes autres activités ?

Après tout, autant apprendre à se connaitre un petit peu puisqu'ils en étaient à discuter l'un avec l'autre tout en sirotant leur boisson. Et puisqu'ils étaient dans un lieu de sortie c'était donc un sujet logique tout comme ils pourraient parler également musique et danse. Au bout d'un moment un air entrainant se fit entendre à travers l'endroit.

- Puis-je te proposer un tour de piste ou bien est-ce un sport dans lequel tu préfères ne pas te risquer ? Après tout quitte à se défouler et oublier les soucis, autant profiter au maximum des activités du lieu.

Coralyne prit un instant le temps de réfléchir à la question de Matt. Venait-elle souvent ? Ca dépendait. D'elle même ? Non jamais. Par intérêt ? Oui, assez souvent. Bien que ce genre d'endroit lui hérisse le poil, la musique trop forte et dénuée d'intérêt, la proximité, l'alcool, toutes ces choses qu'elle haïssait. Etait-ce une forme de masochisme ? Plus ou moins. C'était surtout le meilleur endroit pour parvenir à accoster des gens dans un état d'ébriété assez avancé pour lesquels il n'y avait pas besoin de faire des pieds et des mains pour en tirer ce qu'on voulait.

-Disons que je n'ai pas grand chose d'autre à faire le week end, alors je passe mon temps comme je le peux. Une fois que j'ai épluché la programmation du cinéma, il n'y a pas grand chose d'autre à faire dans les environs. Et toi ?

L'interrogea-t-elle. Etait-il aussi ici plus par intérêt que par plaisir ? Bonne question. En tout cas, il avait la conversation intéressante, ce qui changeait un peu de tous ceux qui lui soufflait leur haleine d'alcool et de fumée à la figure en grommelant des paroles incompréhensibles. Lorsqu'il lui proposa d'aller danser, Coralyne hésita un instant, avant d'hôcher la tête.

-Par contre, je te préviens, je ne sais absolument pas danser. A tes risques et périls de me traîner là bas.

Lança-t-elle en riant avant de descendre d'un bond de son siège. Elle pris bien garde de ne pas bousculer l'homme bourré à coté d'elle (par sûr qu'il ne s'effondrerait pas au moindre contact) et se glissa entre les sièges du bar, pour finalement se retourner vers Matt, l'attendant avant de s'enfoncer dans la foule dense et l'air moite qui l'englobait.

Coralyne lui répondit que le fait qu'elle se trouvait ici était un peu comme on dirait faute de mieux. Puisque le cinéma ne proposait rien et qu'il n'y avait pas grand chose d'autres à faire dans la capitale anglaise en dehors du fait de venir s'entasser ici. Bah, en cherchant il y avait sans doute quelques autres activités, mais peut-être n'étaient elles pas tous accessibles en soirée.

- Je ne suis pas particulièrement un habitué non plus. Mais bon pour trouver un endroit où il y a un peu de monde et oublier sa solitude c'est une bonne option. Laisser un peu tout ce qui est la routine derrière soi et tomber les responsabilités, juste profiter un peu de manière plus ou moins égoïste et ne penser à rien que s'amuser. Ça me change des livres ou de la musique et éventuellement trouver une bonne compagnie avec qui discuter, comme ce soir.

Pour parler, danser, s'amuser et voir même un peu plus l'alcool aidant. Même si souvent l'un et l'autre ne se connaissaient pas et ne se connaitraient guère plus, c'était un bon moyen de relâcher toutes les pressions que de partager un moment d'intimité charnelle. Sa réponse à l'invitation à danser le fit sourire doucement.

- J'aime vivre dangereusement. Donc je vais prendre le risque et puis tu sais Coralyne, il n'est jamais trop tard pour apprendre.

Matt se leva donc et l'entraina là où il y avait un peu de place de disponible, ce qui n'était pas forcément le plus simple. Puis une fois un lieu avec assez d'espace trouvé l'entraina doucement, lui montrant pas après pas avec patience et sourire. Ce n'était pas aussi catastrophique que ce que celle-ci avait pensé.

- Pour quelqu'un qui débute, tu te débrouilles bien. J'étais moins bon que ça à mes débuts. Et je ne mens pas. Il y a quelques maladresses mais je suis certain que tu les corrigeras vite.

Le risque n'était pas aussi présent et la jeune femme se montrait plus ou moins à l'aise. La clé était de savoir faire confiance à son partenaire et manifestement de ce point de vue là elle le laisser lui apprendre sans opposer de résistance et ce fut un excellent tour de piste au final dans l'ensemble.

- Je suis certain que si tu prenais des cours tu deviendrais rapidement douée sur ce genre là. Après il y a différents types de danse, mais c'est comme tout une histoire d'entrainement et de volonté.

Danser. Si jamais un jour on avait annoncé à Coralyne, Coralyne l'agoraphobe, qu'elle se retrouverait à danser au beau milieu d'une boîte de nuit lorsqu'elle était ado, elle se serait certainement moquée ouvertement de celui ou celle qui faisait de tels pronostics. Pourtant, aussi étonnant que ça puisse paraître, la jeune femme y trouvait un certain plaisir, à se laisser guider dans la foule par un parfait inconnu avec plusieurs boissons plus ou moins alcoolisées qui bouillonnaient dans son sang. Bien qu'elle ne laissa jamais tomber le paraître, et la façade qu'elle s'était dressée ce soir là, la demoiselle se surprit même à s'amuser vraiment. Lorsque Matt lui annonça qu'elle ne se débrouillait pas si mal que ça et qu'elle pourrait rapidement s'améliorer si elle persévérait, elle éclata de rire.

-J'ai un prof qui n'est pas mauvais, il faut aussi l'avouer ...

L'instant d'après, son enthousiasme retomba et une bille de plomb se forma dans son estomac. Elle n'en montra à nouveau rien. Mais sa gaieté de la soirée venait de s'effacer. Si James avait été là, aurait-il aimé dansé ? Se seraient-ils amusés tous les deux ? L'aurait-il traînée sur la piste comme l'avait fait Matt ? Aurait-elle passé une bonne soirée ? Si Coralyne avait eu un bien moins bonne maîtrise d'elle même, elle se serait certainement effondrée en larmes au milieu de la piste. Mais il n'en fut rien. Elle se contenta de continuer de danser en souriant, tentant de chasser la boule de plomb de son ventre. Elle glissa discrètement dans un mouvement sa main le long de sa poche et sentit à nouveau le contact salvateur de son arme. Instinctivement, elle sourit, et d'un coup, le son et les couleurs revint, elle retomba sur terre. Quelques chansons passèrent lorsque soudain, le rythme ralentit. Une grande majorité des personnes quittèrent la piste. Des couples se formèrent. Les lumières se firent moins agressives. Coralyne décida soudainement que c'était sa chance de commencer à cerner le personnage qu'elle avait en face d'elle. Elle l'interrogea du regard, avant d'ajouter :

-Tu as trop peur de te faire écraser les pieds où tu vie dangereusement à nouveau ?

Profiter des éléments pour se décontracter n'était jamais en soi une mauvaise chose. Après tout qui pourrait dire qu'il va dans un endroit comme une discothèque sans avoir dans l'idée de pratiquer une des activités que proposait ce lieu ? Ecouter de la musique, boire des boissons alcoolisées ou non, danser, rencontrer des personnes voir même les séduire éventuellement. Le jeune italien n'avait aucune idée de se qui se passait dans la tête de sa partenaire par rapport au passé de celle-ci. Sans aucun doute cela était-il étrange pour elle de se dire que finalement peu importe combien l'on croit à certaines dispositions qui se révèlent réelles à un moment notre propre évolution peut conduire au fait de se retrouver à faire une chose que l'on pensait impossible.

- Merci mais je dois admettre que j'ai eut moi-même par le passé un professeur d'exception qui était bien déterminé à ce que je ne puisse jamais être une honte pour une cavalière alors qu'à l'époque les demoiselles n'étaient guère vraiment ma priorité.

Le fait de savoir danser. La mère de Matt s'était montrée d'une intransigeance rare là-dessus. Son petit garçon devrait obligatoirement pouvoir faire tourner ses futures jeunes camarades sur toutes sortes de danses, afin de pouvoir être un cavalier émérite, cela lui faciliterait les choses, affirmait Chiara. Même si sans doute ne prévoyait elle pas que celui-ci s'en serve comme d'un atout pour arriver à des fins as très catholiques. Ils s'installèrent de nouveau sur leurs sièges un temps ensuite lorsque Coralyne vint à lui proposer de partager un slow, danse des couples par excellence s'il en était.

- Le danger est mon partenaire de vie perpétuel. On adore se croiser et voir qui l'emportera sur l'autre. Donc comme de plus cela me semble presque être un défi de ta part, je ne peux pas me permettre de me sauver face à cette provocation gratuite. Ce sera avec plaisir.

Le visage de Coralyne s'illumina quant à la réponse positive de Matt, et elle finit son verre de bière d'une traite avant de sauter d'un bond de son siège. L'homme dépréssif assit à coté d'elle au début de la soirée était maintenant affalé, passablement au plus bas. Elle lui jeta un regard compatissant en marchant vers la piste de danse, puis^lorsqu'elle y fut s'arrêta, se retourna vers Matt et lui lança, joueuse :

-Bon, et bien, vivons dangereusement alors !

Elle passa délicatement chacun de ses bras derrière la tête de son cavalier de la soirée et vit sceller ses mains en elle, se rapprochant de Matt jusqu'à venir sentir son odeur mêlée d'alcool et de fumée. Elle reconnut sans peine les premières notes de "Still Loving you", et à nouveau son coeur fit un bond, lui prouvant que l'être humain était fragile. Cependant, elle parvint cette fois-ci à retenir son esprit d'aller divaguer dans certains coins de son cerveau qu'il valait mieux éviter, et l'habitude lui permit d'arrêter de penser au moment même où elle commença à ressentir ce vide se creuser dans son ventre. Elle muramura à Matt, d'une voix pâteuse :

-Bon, et sinon, au point où nous en sommes, tu fais quoi dans la vie, Matt ?

Matt voyait assez bien tout ce qui se passait aux alentours en ce moment même dans les lieux. L'inconnu à coté de la jeune femme semblait bien parti pour qu'il finisse par ne plus être qu'une sorte de loque au sol. Sans doute finirait il par être évacué par les personnes chargées de la sécurité. mais bon ce n'était pas vraiment cela qui importait, tout comme ce n'était pas le plus important que de voir qu'une femme allait bientôt céder à un mec qui semblait ne guère chercher une histoire sérieuse, tout juste un coup du soir en étant déjà pas mal éméché... Non rien de tout cela bien qu'il soit vu et repéré n'était ce qui retenait l'attention du jeune italien. Voir sa nouvelle connaissance de bonne humeur et motivée à faire un nouveau tour de piste, donc à se décontracter était ce sur quoi l'originaire de la botte se focalisait.

- Un homme ne vit que lorsqu'il s'expose au danger selon moi, donc allons vivre en fait, tout simplement.

Après tout c'était tout à fait sa manière de voir les choses. Raison pour laquelle il participait à des matchs à mort et faisait le bouleau qui était le sien. Tout cela était une histoire de savoir dominer sa peur et le danger de chacune des situations. L'air ne manqua pas de le faire légèrement réfléchir lui aussi. Le jeune homme ignorait que celui-ci avait une signification pour Coralyne mais lui cela le ramenait à sa mère. Tout comme la danse en fait. Still Loving You était son slow favori, du moins autant qu'il s'en rappelle. Mais il n'avait pas put respecter sa promesse. Le passer le jour de l'enterrement de celle-ci. Parce qu'il devait fuir les hommes de son père. La question le ramena définitivement à la réalité.

- Je suis conseiller juridique pour divers entreprises. Lors des litiges qui peuvent amener des affaires au contentieux, c'est moi ou un de mes collègues qui est envoyé pour tenter de concilier les choses calmement avant que ce ne soit le tribunal.

Son rôle restait toujours tranquillement dans sa tête. Surtout toujours donner son excuse officielle. Impossible de dire : je suis un tueur professionnel sous contrat avec une société et je cherche à créer un peu plus de chaos dans le monde. Primo on ne le croirait sans doute pas et dans le cas contraire on l'enverrait surement chez les flics, donc mieux valait mentir. De toute manière, sa vie complète était un mensonge ou presque depuis son départ de l'Italie donc... un peu de plus ou de moins ?

- Et toi ?

Coralyne écouta patiemment les explications de Matt quant à sa profession. La chose qui frappa surtout son esprit fut les mots "divers entreprises". Cette simple expression qui s'atiser la curiosité de Coralyne, et elle retrouva d'un coup du poil de la bête. Finalement, ce jeune homme était une cible bien plus interressante qu'elle ne l'aurait cru. Il était plus influent que ce qu'elle pensait. Beaucoup plus influent. Et ça n'était pas pour lui déplaire. Bien au contraire. Qui disait influence disait connaissances. Qui disait connaissances disait peut être une chance de retrouver l'assassin de James.

*Je te vengerais. Ce n'est qu'une question de temps.*

Se répéta mentalement Coralyne, passant à la phase deux du plan auquel elle s'adonnait depuis la disparition de son cher et tendre. Maintenant qu'elle avait trouvé le poisson, il fallait lui soutirer les informations qu'elle cherchait. Mais tout d'abord, il fallait répondre à sa question. C'était la moindre des choses après tout.

- Je suis criminologue. Un métier passionant. Mais je t'avouerais que ça me blase, parfois...

Elle soupira, lançant sa tête en arrière et croisa le regard d'une femme d'une trentaine d'année qui la dévisageait, sourcils froncés, l'air de l'avoir mauvaise, une coupe de champagne encore pleine dans la main. Un sourire malicieux s'empara du visage de Coralyne alors qu'elle se hissa sur la pointe des pieds, se collant un peu plus contre Matt pour lui murmure :

- Je crois que tu as tapé dans l'oeil de la brune qui rumine avec sa coupe de champagne, là au fond. Ou alors elle a un problème avec moi. Ou peut être les deux. En tout cas, son regard est aussi noir que sa robe ...

Qui était couleur corbeau. Coralyne esquisça un nouveau sourire, tournant légèrement la tête vers la femme, qui ne les avait toujours pas quittés des yeux. En voilà un bon allibi. Tout semblait marcher à la perfection lorsqu'elle lança à Matt, d'une voix de défi bourrée de sous entendus :

- Et que dirais-tu de la rendre jalouse ?

Matt ignorait tout des idées que pouvaient avoir en tête Coralyne. Après tout ils ne se connaissaient ni l'un, ni l'autre, comblant justement petit à petit ces manques avec pour chacun des éléments inventés, mais ce point ils ne pouvaient pas le supposer. Après tout on avait aucune raison logique de mentir à un(e) parfait(e) inconnu(e) que l'on ne croisera sans doute plus jamais par la suite. Sauf dans leurs situations respectives bien entendu où le secret était plus que roi, c'était la seule manière de survivre. Influence et manipulation étaient sans doute des maitre-mots pour eux deux. Même si d'un autre coté le duo était là pour oublier ce que chacun faisait en temps normal, la prudence était devenue une seconde nature. La jeune femme finit par répondre à sa question.

- En effet, c'est assez particulier. Mais de quelle manière agissez-vous ? Du peu que je sache de ce métier, les compétences sont assez vastes et les missions qui peuvent vous demander être vastes. Dans quelle branche t-es-tu spécialisée ?

C'était juste un peu de curiosité personnelle. Matt avait vaguement entendu parler du métier par un reportage vu à l'époque en Italie, l'année dernière où celle d'avant. L'avantage du morceau Still Loving You était sa durée relativement élevée pour un morceau de musique. Environ six minutes de mémoire. La remarque le fit légèrement sourire et profitant du mouvement du slow pour voir la femme en question. Si son air n'avait pas été aussi sévère, celle-ci aurait sans doute eut un magnifique visage. Le défi agrandit son sourire.

- Il semblerait en effet que tu aimes vivre dangereusement, je ne vais rien t'apprendre sans doute mais les colères féminines sont plus à craindre que celles des hommes. Mais si tu te sens prête à assumer cela, moi je n'ai absolument rien contre.

[quelques mois plus tard... Désolée ^^"]

Coralyne lâcha un sourire amusé par la curiosité dont Matt faisait preuve quant à son métier. Si elle avait été consciente de la couverture, identique à la sienne, que s'était tissé son interlocuteur, elle aurait certainement salué son naturel, sa manière de mêler mensonges et réalité.Ou comment tirer parti des éléments présents. Mais elle n'en savait rien, tout comme son cavalier du moment. Ni l'un ni l'autre n'était réellement conscient que face à lui se trouvait un être tout aussi dangereux et calculateur que soi même. Ils étaient loin de se douter que l'autre mentait dans son propre intérêt, pensant s'adresser à une personne non pas forcément toute blanche, mais au moins à quelqu'un d'honnête. C'était là tout le paradoxe de la chose. La jeune femme ferma un instant les yeux, papillonant des paupières, éblouie par la lumière d'un projecteur qui se balladait sur la foule, avant de réprendre :

-Eh bien nous sommes des sortes de psychologues, pour criminels. La victime d'un crime ira voir un psychologue, ou un psychiatre si il y a vraiment un gros traumatisme. Le criminel en question recevra un criminologue. A la seule différence qu'en plus d'écouter la personne, nous cherchons à comprendre pourquoi elle a agi de telle ou telle manière, et de retrouver dans son inconscient des éléments ayant pu pousser à faire de tels actes. Car chaque acte un antécédent, de manière plus ou moins poussée. Le cerveau réagit inconsciemment en assimilant certains éléments. C'est la base de la psychanalyse... Et je suis personnellement spécialisée dans l'étude des cas "graves", si je puis me permettre le terme. Meurtriers, violeurs, personnalité violentes... J'ai même eu à faire à un syndrome de Stockholm un jour. Et crois moi, il y a certains moments où, même si l'on est relayé, c'est assez effrayant. Mais on apprend avec le temps à poser une barrière entre émotions et travail. Sinon on deviendraient tous névrosés...

Lâcha la demoiselle dans un rictus en levant les yeux au ciel. En effet, elle avait longuement étudié le métier de criminologue... En ayant son arme braquée sur la tempe de pauvres victimes. Et elle pouvait dece fait citer des exemples précis. En effet, elle était aller fouiner du coté de violeurs, de meurtriers. En premier d'ailleurs. Mais il semblait qu'aucun d'entre eux n'avait croisé le chemin de son cher James ... Leur ignorance leur avait coûté la vie. Ou quelques épaules perforées. Mais l'esprit humain ne se révèle que dans la peur. Et c'est généralement là que les langues se délient. Sort qu'elle envisageait d'ailleurs de plus en plus de réserver au beau Matt avec qui elle effectuait de lents tours réguliers, rétrécissant la distance les séparant à chaque pas. Elle jeta un bref regard à la femme derrière eux. Celle-ci ne les avait pas quittés des yeux une seule seconde. Un sourire satisfait étira ses lèvres fines quant à la réponse positive de Matt. Il lui semblait avoir trouvé la perle rare. Un homme joueur. Tout comme elle. Profitant de se trouver face à cette femme qui, si ses yeux avaient été des armes, aurait massacré Coralyne sur place, celle-ci lui adressa un léger clin d'oeil. Qui ne passa visiblement pas inaperçu du coté de la brune. Nerveusement, celle-ci se mit à jouer de ses doigts sur la table. Les danseurs effectuèrent un nouveau tour, langoureusement enlacés, et lorsque la blonde se retrouva de nouveau face à celle qui se consumait de jalousie sur sa chaise, elle se hissa sur la pointe des pieds pour venir déposer un léger baiser dans le cou de son partenaire, non sans jeter un bref regard ainsi qu'un sourire amusé à la femme à la robe noire. La jalousie de ses yeux muta en colère, et ceux-ci se mirent à lancer des éclairs, alors que la pauvre femme serrait des poings sur sa chaise.

-Je crois que si elle n'a pas implosé d'ici quelques minutes, c'est le bout du monde...

Souffla Coralyne avec amusement dans l'oreille de son cavalier, avant de rajouter dans un murmure :

-Que nous sommes sadiques ...

Vérité et Mensonge. Deux choses que l'on opposait parce que l'une des deux était censée être le "bien", et la seconde le "mal". Une vision du monde qui se trouvait bien trop simpliste lorsque l'on y réfléchissait. Comme si l'on pouvait classer aussi ouvertement les éléments et les personnes. La vérité c'est que ces extrêmes n'existaient pas. Il n'y avait qu'un entre deux qui penchait plus d'un coté ou d'un autre. Tout dépendait des circonstances. C'était cela la vérité. Prenons un cas simple, actuellement Coralyne et Matt étaient en train de se mentir ouvertement, mais c'était en partie pour protéger l'autre. Si chacun avait su ce que l'autre faisait, cela aurait forcément conduit à des difficultés supplémentaires... qui arriveraient peut-être d'ailleurs, qui savait. Le mensonge était opposé à la vérité, et pourtant lorsque l'on ignorait que le mensonge était mensonge, n'était il pas alors une forme de vérité ? Dans leur discussion ou chacun ignorait que l'autre ne faisait que se couvrir, chacun prenait les paroles de son partenaire de danse pour la vérité. Après tout il n'y avait pas de raison de supposer que celle-ci mente, même si leur monde était rempli de personnes qui se cachaient derrière des personnages inventés, pas forcément pour la même raison qu'eux. La description du métier lui tira un sourire mental. Discuter avec des gens qui enfreignaient la loi... avait elle conscience de parler à l'une de ces personnes en ce moment même ? Sans doute pas.

- Un métier qui n'a pas l'air d'être simple tous les jours... j'imagine assez qu'entendre parler tout le temps des pires choses que puisse faire l'être humain est éprouvant, d'où la nécessité de la création de cette barrière. Garder un masque de neutralité et ne montrant en rien ce qui peut nous traverser, peu importe l'horreur des récits. Tu as beaucoup de courage pour faire une chose de ce genre. Mais je ne suis pas vraiment surpris... ton regard brille en permanence de cette force intérieure.

Peut-être l'un des seuls éléments de vraie vérité depuis le début de cette soirée, en dehors de son prénom. Comme quoi tout était une histoire d'équilibre avant tout. Mais en tous les cas l'un et l'autre venaient de trouver une distraction dans cette demoiselle qui jalousait Coralyne sur le fait de danser avec Matt. En effet, la blonde n'aurait sans doute pas survécu très longtemps si les yeux de sa rivale solitaire avait été des armes et la souffrance aurait sans doute été très lente et intense. Les phrases chuchotées de sa partenaire de danse lui tirèrent un rire léger.

- Je n'ai jamais proclamé être un ange, je crois.

Alors s'amuser au dépit d'une autre personne était une chose qui lui plaisait, et ce même s'il s'agissait d'une belle demoiselle. Après tout ce n'était pas cette femme en noir que lui avait choisi en cible pour ce soir.

- Mais je crois que je connais un excellent moyen de terminer de lui faire perdre son calme...

Sans vraiment demander son accord, l'italien vint rendre son baiser dans le cou à sa partenaire, avant de mordiller doucement le lobe de son oreille et de finalement venir cueillir ses lèvres de manière douce, langoureuse et surtout longue, en étant bien visible de leur cible, même si en ayant fermé les yeux, le jeune homme ne pouvait plus rien voir, celui-ci imaginait assez bien sa déception soudaine. Lui était resté délicat et tendre dans son acte, le tout ne devant pas être déplaisant pour sa compagnie de ce soir.

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