Le hasard et son jeu de dés... [Pv Matt Lilao]

De la neige. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas neigé à Londres. Surtout à High Street. Il y avait toujours un soleil de plomb à cet endroit. Mais pas en ce moment. Non, il neigeait. Nous étions en Novembre et de gros flocons blanc tombaient sur le sol. Un petit peu plus et peut-être qu'il y aurait une véritable tempête de neige. Ce n'était pas forcément favorable au commerce. Les gens ne pouvaient pas se déplacer en voiture, ou se déplaçaient difficilement. Alors ce n'était pas franchement un temps à faire les boutiques. Mais la demoiselle s'en fichait royalement. Elle portait une petite robe de couleur rouge avec des bottes de couleur noir qui lui arrivaient jusqu'aux genoux. Son manteau, ainsi que son écharpe rouge la couvraient assez pour qu'elle n'attrape pas froid. Les flocons de neige se mêlaient à ses cheveux et le froid donnait une couleur rosée à ses joues. Cet ensemble lui donnait un aspect de petite poupée fragile. L'image d'une jeune femme innocente. D'une jeune demoiselle sans défense et tout ce qu'il y a de plus sympathique au monde. Sans trop savoir pourquoi, son père lui avait acordé sa journée aujourd'hui. Pas de cours à donné ou à recevoir. Pas d'entrainnement à donné ou à recevoir. Pas de mission à éxécuté. Une journée de libre. Totalement libre. Cela aurait du la réjouir et pourtant elle ne ressentait pas grand chose face à ça. Lali avait décidé de nager et de danser puis après une douche, elle était partie manger. Comme elle ne souhaitait pas rester seule dans sa grande maison, à ne rien faire, elle décida de sortir. Son grand sac blanc sur l'épaule et hop, direction High Street. Elle avait prit un taxi puis s'arrêta quelques rues plus loin de sa destination. Et à présent, la jeune italienne marchait dans la rue, déhambulant comme une sorte de poupée fragile. Elle esquissa une moue en observant son portable. Alexandre se demandait où elle était. Il est vrai que chacune de ses journées commençaient habituellement par la visite du sous-sol pour dire bonjour à son ami. Le pauvre devait être inquiet, même si son message montrait d'avantage de rage que d'inquiétude... Elle secoua la tête et rangea son téléphone. Elle observa un instant la pancarte d'un magasin avant de pousser la porte et d'y entrer.

La météo. C'était une des choses d'ici que le poussait le plus à s'énerver ici. Franchement lorsque l'on avait passé pour ainsi dire toute sa vie à vivre dans un pays au climat chaud où le soleil était roi, se retrouver soudainement dans cette ensemble insulaire dominé par le vent, la pluie et la grisaille n'était vraiment pas ce qu'il y avait de plus favorable. Comme si son père n'aurait pas put s'enfuir avec sa sœur dans une destination chaude comme il ne savait pas... la Floride tiens !! Ça aurait été bien, au moins n'aurait il pas eut à modifier une bonne partie de sa garde robe !! Mais non, c'était bien trop demander !! Non, il fallait que son géniteur préfère les zones froides... ça aussi il lui ferait payer au passage, ce serait le bonus en plus de toutes les raisons pour lesquelles il lui en voulait déjà !! Enfin... depuis le temps qu'il se trouvait par ici maintenant, soit quelques mois puisqu'il avait croisé la route d'Helen en Mars et que c'était déjà le mois de Novembre, le Lilao avait eut pas mal de temps pour s'adapter. Cependant aujourd'hui, s'il y avait encore des légères traces de brouillard matinal, ce qui l'avait surprit était le manteau blanc qui commençait à recouvrir la ville. Eh bien il s'entrainerait sous la neige alors...

Que cela ne tienne, Matt s'équipa donc de sa tenue de jogging, de ses baskets, d'une écharpe, d'un bonnet et de gants avant son footing matinal. Une fois celui-ci terminé il prit son petit déjeuner puis une bonne douche avant de mettre des habits de ville et surtout un trench-coat pour lutter contre le froid anglais. De ce qu'il avait lu, quelques bons albums de groupes qu'il écoutait comme Apocalyptica avaient sortis un nouvel album, mais il avait loupé les dates officielles. En même temps à l'époque lui se concentrait exclusivement sur les missions qui lui étaient donnés et d'éventuels indices concernant sa sœur, même si de ce coté là, celui qui pouvait parler la langue de Dante sans difficultés faisait chou blanc. C'est pourquoi de la nouveauté musicale lui permettrait sans doute de se détendre un peu.

De ce qu'il avait vu pendant son training, les routes n'étaient pas vraiment dégagées. Autant y aller à pied, il aurait aussi vite fait sinon plus que les automobilistes. C'est donc ainsi que Matt partit jusqu'au disquaire le plus proche, l'ayant avant tout repéré sur internet. La foule ne se bousculait pas vraiment au portillon, en même temps par cette météo et ce froid, mieux valait avoir une bonne volonté pour aller faire des courses qui n'étaient pas des obligations. Le jeune adulte parcourut les rayons du regard jusqu'à trouver l'objet de sa venue. L'album 7th Symphony. Mais au moment où sa main se posa dessus, une autre féminine, le fit également. Puisqu'il y en avait d'autres derrière, Matt tendit celui-ci à la jeune femme qui devait avoir son âge ou dans les environs avant d'en prendre une autre version. Il sourit doucement.

- Vous suivez ce groupe depuis longtemps ?

Puisqu'on ne semblait pas avoir besoin de lui pour le moment, autant profiter de ce moment pour bavarder entre appréciateurs d'un même groupe et comparer des avis, cela pouvait toujours être intéressant et constructif d'avoir un regard autre que le sien sur les morceaux.

Une petite boutique, un peu rustique comme décoration. La caisse, des bacs remplient de CD en veux tu en voila, quelques affiches de concert au mur...

-Vous êtes bien courageuse de sortir par ce temps, mademoiselle...

L'italienne tourna la tête vers le caissier ou plutôt l'hotesse de caisse comme on disait maintenant. Elle lui adressa un sourire et déclara qu'il fallait bien quelques personnes comme elles pour faire tourner son commerce par ce temps. Il sembla apprécier sa réponse puisqu'il esquissa un sourire et baissa légèrement la tête. Il devait avoir 23, peut-être 24 ans. Et quand elle irait à la caisse afin de payer les CD, il lui demandera son numéro de téléphone. Et comme toujours, elle répondra qu'elle préfètait lui éviter cette perte de temps. Déjà, ce n'était pas son style. Le petit blond tout timide en apparence mais qui pouvait certainement se montrer violent et qui vendait de la drogue à côté pour être sur de pouvoir payer son loyer...Non, ce n'était pas pour elle. Et ensuite elle n'avait pas le temps. L'amour tout ça, c'était des conneries. Uniquement des conneries. "L'amour est la seule chose qui peut conduire au bonheur". Foutaise. Elle avait passé une grande partie de sa vie sans amour et pour autant, elle ne se trouvait pas malheureuse. La jeune femme secoua ses cheveux afin de se débarasser des quelques flocons qui ne s'étaient pas encore transformés en goutte glacée. Puis elle se dirigea vers les bacs à CD. Elle observa un temps le dernier album de 30 seconds to mars, elle ne savait même pas qu'il était sorti. Elle avait l'impression d'avoir été coupé du monde durant une longue période. En même temps, ça avait un peu été le cas. Sa dernière mission ayant échoué, elle avait du aller en Russie pour parfaire son entrainnement et subir les conséquences de son échec. Elle en avait encore les trasses d'ailleurs. Niveau torture, il n'y avait pas à dire, les Russes étaient les meilleurs. Lali décida de se le prendre. Elle se l'écouterait ce soir en mangeant. Puis elle avisa l'album 7th Symphony. Elle fut surprise qu'il soit déjà sorti. Elle tendie la main pour l'attraper quand une main masculine contra la sienne. Ce fut comme un éléctrochoc. Un filet éléctrique venait de se propager dans tout son bras. Son instinct lui indiquait des choses contradictoires. Elle ne comprenait pas pourquoi elle venait de ressentir ça. Le jeune homme lui tendi le CD, qu'elle saisit tout en bredouillant un vague merci. Après avoir observé le CD, tête basse, elle releva la tête lorsqu'il lui adressa la parole. Quand elle le regarda dans les yeux, ce fut encore pire. Son instinct n'avait jamais été aussi confus, aussi brouillé. Elle sentait qu'il y avait un danger, qu'elle devait partir, s'enfuir, se préparer au combat et en même temps elle sentait qu'elle devait rester, que c'était de son devoir de lui répondre. Il était pas mal dans son genre. Elle devait une peronnalité forte. Complexe, même. De nationalité latine, peut-être même italienne à en juger son teint et sa façon de se tenir. Mais ce qui la frappa le plus c'était son visage et ses yeux. Il lui faisait penser à quelqu'un. Mais elle ne savait pas qui. C'était comme si elle était à deux doigts de soulever un mystère mais que quelque chose la bloquait. Lali continua de l'observer un instant avant de lui répondre:

-Non, je l'ai connu il y a tout juste un an par un ami. Et vous ?

En effet, le courage il ne fallait pas en manquer en ce qui concernait le fait de venir ici par cette météo. Enfin, la température était tout de même bien plus supportable à l'intérieur du petit disquaire que dans le froid de la capitale anglaise. Mais se trouver parmi tant de chansons différentes était une chose que Matt appréciait. La musique était une chose qui l'accompagnait très souvent. Durant ses entrainements, ses combats, ses missions, ses moments de solitude, ses soirées... en fait elle était même omniprésente. Il était rare que le jeune homme ne soit pas en train d'écouter un morceau qui corresponde soit à ce qu'il était en train de faire, soit à son état d'esprit.

Lorsque les deux jeunes gens se touchèrent involontairement, cela déclencha chez lui un frisson peu commun qui fit se dresser les poils de ses bras en dessous de ses vêtements. Voilà qui était une réaction bien étrange. Pourtant ce ne fut pas la seule. Matt prit le temps de la regarder en même temps qu'il ne lui posait sa question. Le Lilao sentit une sorte de malaise s'emparer de lui. Cette femme avait quelque chose. Quoi, il ne saurait le dire mais le jeune homme sentait intérieurement que cette rencontre n'était pas anodine. Pourtant une chose le marqua presque immédiatement à la vue globale de son apparence. Elle ne pouvait pas être originaire d'ici. Ce teint allé et cette fierté dans le regard si morne de celui des anglo-saxons lui faisait sentir qu'elle était étrangère dans ses origines à ce pays. Au contraire, cela lui faisait penser à tant de celles qu'il avait séduit plus jeune en Italie. Mais bon, on ne pouvait pas se fier à ça.

La jeune femme finit par relever le regard pour le fixer dans les yeux en lui répondant, simple histoire de politesse mais cela fut comme un électrochoc. Ce regard. Pour lui il était si clair dans son esprit que jamais il ne pourrait l'oublier. Cette fille avait un regard similaire à celui de sa mère. Et d'autres de ses traits lui faisaient penser à lui-même. Se pourrait-il que ? Non, autant éviter de s'emballer. Sans aucune preuve de ses pensées commencer à imaginer ainsi ne servait à rien. Surtout que l'un et l'autre ne se connaissaient pas. L'Italien put reprendre assez ses esprits pour répondre à la question.

- C'est un groupe que j'écoute depuis bientôt dix ans. Je les ai découvert gamin avec leur troisième album, Cult. Et j'ai accroché tout de suite notamment avec les morceaux Path, Hope et Hall Of The Mountain King. Alors depuis j'attends chaque nouvel album avec une certaine impatience, mais j'avais manqué celui-là. Le problème de la vie active.

Le jeune homme eut un faible sourire, malgré le fait que son esprit était toujours aussi agité intérieurement. En même temps cette rencontre avait largement de quoi le troubler. Il aurait bien tenté de lui parler en italien, mais si sa mère avait raison et qu'elle avait toujours habité en Angleterre, il y avait une possibilité pour qu'elle n'ait pas apprit la langue de Dante. Dans ce cas, le moyen le plus sur serait logiquement de lui demander son prénom.

- Et vous, quels sont vos morceaux favoris ?

Elle déglutie légèrement. Il faisait chaud. Non, elle devait rectifier cette pensée. Elle avait chaud. Il faisait un froid d'oie dehors (ou quelque chose comme ça, elle avait du mal avec les expressions) et il n'y avait pas de chauffage dans cete boutique. Et pourtant elle avait chaud. Bon, cela lui arrivait souvent à cause de ses origines. Elle était habituée au chaud et de ce fait sa température corporelle était toujours très élevé. Il lui arrivait rarement de souffrir du froid. En faite, les seuls moments où elle sentait le froid la couvrir c'était quand elle ne prenait pas son médicament. Quand son coeur menaçait d'exploser en morceaux à l'intérieur d'elle. Elle l'observait avec un sourçil arqué, ne cherchant pas le moins du monde à cacher son désarroi et sa confusion. Il pouvait penser ce qu'il voulait, elle s'en fichait. C'était son propre état qui l'inquiétait. Qu'est-ce-qui lui prenait ? Pourquoi réagir ainsi au contact et à la vue d'un garçon ? Son coeur commençait à s'emballer. Elle le sentait cogner contre sa poitrine. Cogner avec violence et avec rage. Elle avait pourtant prit son médicament. C'était certainement son désarroi qui l'avait conduit à cet état. La jeune femme déboutonna son manteau et fit en sorte que son écharpe soit moins proche de son cou. Ainsi, elle avait moins chaud et elle pouvait respirer plus librement. Après quelques respirations posées, elle sentie son coeur se calmer et reprendre un rythme normal. Son regard ne quittait pas le sien. Cela ne se faisait pas de fixer quelqu'un du regard de la sorte. Mais elle s'en fichait royalement. Elle était tellement occupée par son propre état qu'elle ne remarqua pas sa confusion. Lui aussi était dans un état étrange à son contact, mais elle ne le remarquait pas:

-La vie active...Oui, je connais. Cela faisait longtemps que je devais venir ici m'acheter ces petits plaisirs. Mais bon, le temps passe et on en oublie certaine chose...

Après avoir caché profondément son désarroi et sa confusion, elle remarqua qu'il était dans un état, de transe. Il semblait exité et en même temps il semblait avoir...Peur. Elle détourna légèrement le regard tout en réfléchissant. Oui, il était désormais clair que quelque chose clochait chez lui. Elle devriait mettre fin à la conversation et partir. Et pourtant quelque chose au fond d'elle la retenait:

-Path, Faraway et Harmageddon. Il y a aussi le duo Apocaliptica three days grace: I don't care que j'affecte particulièrement.

La jeune femme se racla légèrement la gorge et se décida à se diriger vers la caisse.

Qu'était il en train de se passer ici ? Ce n'était pas logique qu'il réagisse comme cela. Enfin, même si Matt savait précisément maintenant pourquoi cette réaction se produisait face à elle, se montrer aussi troublé face à quelqu'un n'était pas une bonne chose. Parce que c'était révéler un instant de faiblesse. Que cela soit avec des amis était déjà grave pour lui, mais face à une parfaite inconnue... c'était d'autant pire. Le jeune homme ne savait pas quoi décider d'un seul coup face à celle-ci. Que faire ? Que dire ? Comment agir ? Et surtout s'il venait à se tromper, comment pourrait il justifier sa réaction ? Pourtant mettant de coté ses propres ressentis un instant le combattant aperçu le fait qu'elle semblait aussi confuse que lui par rapport à ce qui se passait. Savait elle de son coté qu'elle avait un frère jumeau ? Le recherchait elle ? Se trouvait elle dans cet état par rapport au fait qu'elle soupçonne la même chose que lui en vis-à-vis d'elle ici même ? La jeune femme commenta le fait que la vie active l'empêchait elle aussi de profiter au moment de leur sortie de ces bijoux audio.

*Cependant je doute fort que vie active ait la même signification pour vous et moi.*

Du moins s'il se trompait et qu'elle n'était pas sa sœur. Bon sang, c'est dans ces moments là qu'il aurait voulu que les pouvoirs existent. Un petit coup de télépathie pour savoir si son image d'elle dans son enfance correspondait à la photo et ça aurait été gagné. Seulement les choses n'étaient jamais aussi simples dans la vraie vie non. Cela serait beaucoup trop facile sinon. La demoiselle donna ses titres favoris et l'Européen eut tout de suite en tête les notes des morceaux auxquels elle faisait référence. Puis elle commença à se diriger vers la caisse. Lui parcourut le rayon du regard et prit également le dernier album d'Iron Maiden, ainsi que celui de Madina Lake le sien ayant été laissé dans son départ précipité de sa patrie d'origine. Cependant l'originaire du pays des pâtes ne pouvait pas la laisser filer comme ça. Pas sans avoir au moins un moyen de la recontacter; Si par hasard il avait raison, il s'en voudrait toute sa vie d'avoir laisser passer cette occasion. La mettre en confiance ou la pousser à la curiosité. C'était les deux seuls moyens pour qu'ils puissent continuer à discuter. Alors comme demander son prénom directement serait sans doute prit comme une technique de drague, il décida de passer par un chemin détourné. Alors qu'elle était devant lui à la caisse, il demanda :

- Siete Italiana Signorina ?

Elle jeta un regard en arrière et l'observa prendre d'autre CD. Il semblait ne pas la suivre et d'un côté cela lui enlevait un poids de la poitrine, elle se sentait soulagée. Mais d'un autre côté...Elle aurait aimé qu'il la suive. Elle aurait aimé en apprendre plus sur lui. Tant pis. C'était mieux ainsi. Au pire, si cela travaillait trop son esprit, il serait façile d'en apprendre pus sur lui. Avec même un peu de chance, c'était encore un pigeon qui mettait toute sa vie sur Facebook. De toute façon, elle avait eu le temps de mémoriser son visage. Il lui manquait quelques détails, mais elle connaissait son visage en générale. L'hôte de caisse lui adressa un sourire et commenta ses achats:

-Très bon choix...

Elle lui retourna son sourire et le remercia. Il se racla la gorge, semblait ressentir de l'anxiété et de la peur. Il devenait maladroit et lent. C'était le moment, il allait lui demander son numéro de téléphone. C'était méchant mais elle souriait intérieurement. Comme si c'était si simple et si façile que ça. Le pauvre garçon. Il n'irait pas loin. Il finirait par être assassiné par un drogué parce que ce drogué n'aura pas assez d'argent pour avoir sa dose. Une vie minable. Et Lali ne voulait pas le moins du monde avoir une place là-dedans. Mais alors qu'il allait parler, une voix plus masculine, plus forte demanda si elle était italienne. La jeune femme se retourna vers cet homme typé tout en gardant son sourcil arqué. Comment...? Pourquoi...? Elle fut désarmée. Lali secoua la tête légèrement et décida de se reprendre. Personne, vraiment personne n'avait le droit de la désarmer. C'était dangereux et sans filet. Elle n'aimait pas ça. La jeune femme esquissa donc un sourire:

-Si, sono Italiana. E tù ?

Matt n'avait pas tellement le temps de réfléchir. Sa fenêtre d'action se limitait au temps qu'il passerait encore ici pour la convaincre de vouloir chercher plus loin. Autrement dit ce n'était véritablement pas le moment de se planter dans sa décision sur que faire pour éveiller son intérêt. Le jeune homme avait une seule chance, peut-être deux, de prononcer quelque chose qui provoquerait assez de réaction sans paraitre trop étrange. Autant dire que lancer le prénom de sa sœur était exclu pour le moment. Les choses devaient se faire en finesse pour que lui soit sur que ce soit bien elle avant d'en parler. Alors voyons les options qui lui restaient et tant qu'à faire de manière accélérée. Soit il continuait sur sa lancée et parlait musique, connaissant aussi le groupe dont elle avait prit un autre cd. Le leader et chanteur était Jared Leto et les morceaux énergiques et rythmés étaient appréciables à écouter lorsque l'on faisait soi-même un effort physique. Le temps filant, le Lilao décida de tenter sa chance en lui parlant en Italien. Elle se retourna et le fixa, manifestement interloquée.

*Bingo.*

Son choix avait été le bon. Après ce coup là, la probabilité qu'elle veuille en savoir plus sur lui devait être aux alentours de quatre-vingts pour cent. Comme quoi il faut sans doute toujours suivre ses premières idées. Mais à son avis c'était surtout le fait qu'il l'ait demandé en Italien sans avoir le moindre accent anglais qui avait du l'amener à réfléchir. Elle lui répondit dans leur langue originelle avec une intonation que ne pouvait avoir que les originaires. Finalement la personne qui lui avait apprit l'italien avait du le faire dès son plus jeune âge. Continuant de répondre en Italien sous l'œil médusé du pauvre gars qui d'un seul coup était complètement snobé.

- Également. Je me doutais que vous n'étiez pas originaire d'ici. Vous dégagez bien plus d'énergie que les natifs de cette île. Mais que diriez-vous d'évoquer le pays devant une tasse de café ? Ou une quelconque boisson de votre choix d'ailleurs.

Elle le fixait, se demandant comment il avait put deviner cela. Il n'avait certainement pas les capacités qu'elle avait. Ses capacités qui lui permettaient de comprendre et d'analyser quelqu'un en seulement quelques instants. En même temps, il était vrai qu'elle n'avait ni le teint, ni l'attitude des anglais. Au moins, son instinct n'était pas rouillé, elle avait bien deviné sa nationalité. Le pauvre vendeur était complêtement perdu. Il ne savait plus que faire. S'il devait lui demander son numéro de téléphone, son prénom pour la retrouver sur Facebook ou bien...Il décida de noter son numéro sur un bout de papier et de le glisser dans son sac d'achat. Il lui adressa un large sourire et la jeune femme saisit son sac plastique blanc:

-Cela ne m'étonne pas. Je l'avais bien deviné.

Tiens donc, une invitation. Elle ne savait pas trop comment réagir et quoi répondre. Tout ça était si étrange. Il était lui-même si étrange. Et puis sa réaction face à lui...Son instinct était toujours autant contradictoire. Comment répondre à cela ? Refuser et ignorer son envie d'aller plus loin ? Ou bien accepter et ignorer le danger qu'il représentait ? La jeune femme soupira. Pour une fois qu'elle n'arrivait pas à prendre une décision ! Elle décida de rester prudente. Après tout, l'imprudence menait au danger qui menait presque tout le temps à la mort. La jeune femme prit soin de boutonner son manteau et de reserrer son écharpe lorsque son portable se mis à sonner. Elle le saisit et soupira avant d'appuyer sur le bouton téléphone vert:

-Allo ?

-MADEMOISELLE ZAFFARANO !!!!!

Elle éloigna son portable d'elle. Elle détèstait quand on lui criait dans l'oreille. Elle soupira:

-LALI, nom de dieu tu es où bon sang ????

La jeune femme rapprocha son téléphone d'elle et déclara:

-Je vais bien, Alexandre. Pas la peine de crier. Tu sais quoi ? Je te téléphone ce soir.

Elle raccrocha puis rangea son téléphone dans son sac. Elle esquissa un sourire à l'homme en face de lui:

-Si vous êtes originaire de la botte, si vous aimez votre pays d'origine alors vous n'avez besoin d'en parler avec personne d'autre que vous même. Au revoir, bonne journée.

L'italienne lui fit un signe de la main, avant de pousser la porte du magasin et de se retrouver dans le froid et dans une sorte de début de tempête de neige.

Non, il n'avait sans doute pas les capacités d'analyse de la jeune femme, c'était certain. Après tout ce n'était pas vraiment là quelque chose qui allait avec le reste de ses compétences. Mais Matt était un combattant. Une personne qui avait apprit à se battre auprès de maitre en la matière. Et cela lui avait donné un instinct élevé, qui servait généralement plus pour percevoir le danger dans un combat ou un lieu inconnu, mais qui quelques fois servaient dans d'autres domaines. Et là cette femme éveillait quelque chose en lui qui faisait qu'il ne voulait pas lâcher prise. En tout cas elle semblait assez fière d'elle-même en ayant deviné. Même si l'un comme l'autre dégageaient de tout de façon trop de choses pour être des anglais. Alors qu'elle finissait de se préparer et que le vendeur passait ses articles, le portable de la demoiselle sonna et elle décrocha. Une voix masculine résonna à partir du téléphone dans le silence.

- MADEMOISELLE ZAFFARANO !!!!!

Bon, eh bien au moins avait il une idée du nom de famille de la jeune femme. C'était un début d'information pour éventuellement tenter de la retrouver plus tard. Mais bon ça n'allait pas arranger grandement ses affaires. Cependant si jusque là lui-même aller se désintéresser de cette conversation, deux syllabes parvinrent tout de même à son oreille, toujours de cette voix téléphonique.

- LALI.

Le jeune homme ne put que se figer. Une jeune femme italienne d'origine, qui avait son âge, un regard similaire à celui de sa mère et s'appelant Lali. Certains diraient qu'il ne s'agissait que d'une coïncidence. Mais Matt n'était pas du genre à y croire. Même si ce n'était qu'une conviction personnelle, le Lilao mettrait sa main à couper que cette jeune femme était bel et bien sa sœur. Seul problème, il ne pouvait guère lui annoncer cela comme ça, et en prime elle ne connaissait pas qui il était. Un peu perdu dans ses réflexions, il ne fit pas entièrement attention au fait qu'elle s'en allait que si ça continuait ainsi, lui allait perdre la piste la plus sérieuse qu'il avait. Prenant ses CD le membre du bâtiment B les paya et partit lui aussi à l'extérieur, se foutant royalement d'abandonner plus de 20 £ en monnaie. Matt ne tarda pas à l'apercevoir et força pour la rattraper. Matt ne pouvait pas la suivre ainsi sans qu'elle n'en vienne à devenir suspicieuse et il ne pouvait pas la lâcher avant d'avoir un moyen de la recontacter. Surtout pas s'il s'agissait véritablement de sa jumelle cadette. Mais comment la retenir encore ? Si elle était comme lui, elle relèverait un défi lancé. Mais qu'est ce qu'il pouvait bien trouver comme cela d'un seul coup ? Surtout avec cette tempête, pas vraiment le temps de jouer à qui est le plus fort sous l'équivalent britannique du blizzard ! Heureusement la chance étant de son coté il réussit à intercepter un taxi encore libre et demanda au chauffeur de couper la route de la demoiselle.

- Puis-je vous proposer de partager le taxi, ce serait tout de même plus confortable pour rentrer que de traverser une partie de la ville sous ces rafales non ? Il serait dommage de finir frigorifié.

Le choix lui appartenait. Mais lui espérait qu'elle accepterait. Dans le cas contraire il utiliserait alors son joker. La seule autre information sur sa vie extérieure. Le nom d'Ezio Suri.

Elle ne pensait pas que le temps pouvait se dégrader aussi vite. Certes, tout à l'heure, la neige tombait bien mais là...C'était presque comme un déluge ! Elle n'avait jamais vu ça à Londres. La neige tombait en bloc et on avait l'impression qu'elle n'allait jamais s'arrêter de tomber. En à peine une minute, elle ressemblait à un bonhomme de neige.

"Oh super...Il ne manquait plus que ça !"

Elle reserra son manteau contre elle tout en secouant la tête. Il y avait un froid vif qui la saisissait de la tête aux pieds. Et dire qu'elle rentrait à pied. La jeune femme commença à marcher, s'éloignant du magasin. Soudainement, une voiture lui coupa la route, lui barrant le chemin.

-Mais vous êtes malade !!!!

Elle frappa sur la voiture puis une vitre se baissa. Encore cet homme. Elle soupira tout en baissant la tête, elle ne comprenait pas pourquoi il était aussi insistant que cela. Mais vu le temps, elle n'avait pas très envie de décliner cette invitation. La jeune femme grommela quelques paroles avant qu'elle ouvre la porte et qu'elle s'installe sur le siège à côté du jeune homme:

-Merci. Ce temps est vraiment épuisant.

Elle devait certainement le trouver très insistant et irritable. Voir même à la limite collant. Après tout même Matt en son for intérieur était en train de se dire que ce qu'il faisait pouvait limite passer pour du harcèlement. Mais il ne pouvait pas laisser tomber. Pas s'il avait raison. Cette apparence, ce malaise qu'il avait eut et ce prénom, le pourcentage de chance qu'elle soit bien sa sœur était plus qu'élevé. Alors tant pis, même si elle venait à lui en vouloir, tout se résoudrait lorsqu'elle saurait la vérité. Le taxi entrava donc la route de la jeune femme qui allait devenir une magnifique statue de neige vivante si ça continuait ainsi. Celle-ci sembla hésiter un instant avant de finalement se décider à partager le taxi avec lui tout en le remerciant.

- Il n'y a pas de quoi. Certes c'est courageux de vouloir plutôt faire de la marche à pied plutôt que d'utiliser la voiture, mais il ne faut pas non plus devenir trop téméraire et finir dans un état non descriptible.

Celle-ci se débarrassa du surplus de neige de ses vêtements par la porte avant de la refermer et que le taxi ne redémarre. La progression allait être plutôt lente vu les conditions extérieures, et d'un coté l'européen ne s'en plaignait pas, ça ne lui laisserait que plus de temps pour la découvrir.

- Je me rends compte que je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Matt. Matt Lilao. Et vous d'après votre ami au téléphone, c'est Lali Zaffarano, n'est il pas ?

Bon d'accord, cela prouvait qu'il avait porté un certain intérêt à sa conversation téléphonique. Mais vu comment le dénommé Alexandre avait hurlé, même le vendeur du magasin avait du pouvoir l'entendre distinctement.

Oui, finir en statut de glace, ce n'était pas vraiment son rêve, ni même une envie d'ailleurs. Et puis, vu son état de santé, un rhume, une bronchite ou pire une pneumonie n'était pas franchement recommandé. Elle n'avait pas franchement envie d'aller à l'hopital. Alexandre ne saurait pas la soigner et un passage à l'hopital lui vaudrait une sévère remise à niveau, un entrainnement intense de la part de son père. Et après son passage en Russie, elle n'en n'avait pas très envie:

-Oui, c'est certain. Où allez-vous ?

Après tout, il fallait bien qu'ils disent leur destination respective au chauffeur. La jeune femme soupira, la neige avait completement mouillé ses habits et elle sentait le froid lui parvenir. Génial, elle était trempée. Lali remarqua qu'il la regardait avec insistance. Il commençait à devenir lourd lui... Lourd, pesant et étrange. Mais ce qui la choqua le plus c'est qu'il s'était suffisament intéressé à sa conversation téléphonique pour avoir saisit son nom. Elle détèstait que l'on connaisse son nom. Moins on en savait sur elle et plus cela lui plaisait. La jeune italienne grimaça tout en se raclant légèrement la gorge:

-C'est ça. Enchantée.

Matt savait intérieurement qu'il aurait du arrêter d'avoir son attention ainsi focalisée sur la jeune femme mais c'était presque plus fort que lui. En même temps essayez un peu de le comprendre. Si on vous annonçait soudainement que vous aviez une sœur, jumelle qui plus est, et que vous vous trouviez enfin face à celle-ci ne voudriez vous pas vous aissi la regarder pour en mémoriser chaque trait, voir les différences et les ressemblances avec vous-même ou les autres membres de votre famille jusqu'à n'en plus pouvoir ? Si oui vous savez alors ce que ressentait le jeune homme en cet instant. Sa question le tira de sa contemplation. Où devait il aller ? Excellente question. En fait il avait prit le taxi sans réfléchir à une destination et dans le seul but de s'assurer qu'il pourrait couper la route de Lali et l'inviter à monter. Trouver une idée et vite, et si possible qui pourrait faire qu'ils puissent continuer à échanger, d'une manière ou d'une autre. Elle était sa jumelle. On disait toujours des gens comme eux qu'ils se ressemblaient énormément. Alors Matt allait tenter un sacré défi. Mais comme le disait le proverbe : qui ne tente rien n'a rien.

- Cloncurry Street, Greater London SW6 6DS.

Il s'agissait de l'adresse du Mizu Shotokan Karate-Do qui proposait bien sur des leçons de karaté, mais également de self défense. Lali donna une autre adresse et l'un comme l'autre restèrent silencieux durant le trajet. L'italien mettait ce temps à profit pour réfléchir. Son plan était risqué en plusieurs points. Surtout qu'il y avait une grande inconnue dans son équation. La force de combat de sa sœur. Son regard dégageait une combativité qui prouvait qu'elle avait sans aucun doute des connaissances dans ce domaine. Mais jusqu'à quel point ? Lui allait jouer avec le feu. Après un temps qui parut presque interminable, ils finirent par arriver. Matt commença à descendre et paya le chauffeur, mais alors que celui-ci allait redémarrer, le Lilao prononça simplement :

- Au fait Lali, si vous croisez Ezio Suri, remettez lui le bonjour de ma part, voulez-vous ?

Matt espérait bien ainsi l'amener à vouloir le suivre. Mais n'attendant pas de voir sa réaction, il s'engouffra dans le bâtiment et partit vers le lieu qui servait de salle d'entrainement. Vu qu'ils étaient Lundi ce n'était pas ici qu'avait lieu les cours aujourd'hui, donc en toute logique personne ne viendrait les déranger. Le jeune homme avait utilisé un double des clés pour ouvrir la porte avant de se diriger vers le lieu qu'il avait choisi. Alors qu'il avait retiré ses affaires pour se retrouver plus à l'aise, ne gardant que son maillot et son pantalon et ayant installé quelques tatamis eut un sourire en voyant arriver sa cadette. Celle-ci était sur ses gardes et semblait s'attendre à voir surgir d'autres personnes.

- Nous sommes seuls ici. il n'y aura d'ailleurs personne ce soir. Je sais que d'agir comme ça n'est pas le meilleur moyen d'obtenir la confiance d'une personne cependant je me devais d'attirer votre attention. Navré de monter un tel stratagème pour cela.

Sans se démonter elle lui demanda d'où lui connaissait ce nom. Le jeune homme lui répondit en italien, pour une fois qu'il pouvait utiliser sa langue maternelle.

- Je vous propose un défi. Un combat pour être plus exact. Si vous gagnez, je vous dirais d'où je connais ce prénom. Si je gagne, vous devrez me donner votre numéro de téléphone et accepter de me revoir plus tard. Alors, relevez-vous ce défi ?

Le trajet fut d'un silence éclatant. Cela l'étonnait. Elle avait pensé qu'il aurait tout fait pour engager la conversation, pour lui tirer les limaces du nez ou quelque chose du genre...Oh qu'est-ce-qu'ils faisait ch*er les Anglais avec leurs expressions de m*rde ! En Italie on disait "mierda" et puis c'était tout ! On ne se prenait pas la tête avec genre de chose. En plus, l'image la dégoutait. Vous arrivez à imaginer quelqu'un tirer des limaces du nez d'une autre personne sans vomir vous ? Bouah. Elle secoua légèrement la tête tout en observant le paysage défiler sous ses yeux. Puis, le taxi s'arrêta, ils étaient arrivés à la destination du jeune homme. Elle souffla légèrement. Ce sentiment d'insécurité allait enfin disparaitre ! Sauf que ce fut le contraire. Lorsque ce nom qu'il prononça, ce nom...lui arriva aux oreilles, son sang ne fut qu'un tour. Elle se tourna vers l'inconnu et sans avoir le temps de laisser son esprit raisonner, son corps agit d'un seul coup et sauta hors du taxi. Ezio. Ezio Suri. Pourquoi...Comment...Par qui... Elle resta un instant à observer la silhouette de Matt, alors que son sang restait bouillonant. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas entendu ce nom.

"Ezio..."

S'il lui était arrivé malheur, jamais elle ne se le pardonnerait. Leur dernière entrevue avait été si houleux...Si violent...Elle regrettait tellement tout ça. Si jamais ce mec venait à lui annoncer une mauvaise nouvelle du genre "je l'ai tué" ou "je l'ai vu mourir" ou autre chose mais dans le même style, elle ne répondrait pas de ses actes et cela terminerait certainement dans un bain de sang. Maintenant, elle s'en fichait royalement de son insécurité. La curiosité et l'inquiétude étaient plus forts que sa propre raison. La jeune italienne suivit l'italien dans la salle. Elle restait prudente, cela pouvait toujours être un piège. Sa voix se fit froide et sans la moindre notion de sympathie:

-Comment connaissez-vous ce nom ?

Elle voulait une réponse et elle la voulait maintenant. Elle ne se sentait pas prête à négocier ou à faire quoi que se soit. Elle avait les poings sérrés. Le bougre avait frappé et il avait frappé juste. Mais comment savait-il qu'elle connaissait Ezio ? Ouh...Elle n'aimait pas beaucoup que quelqu'un connaisse ses faiblesses. La jeune femme soupira profondément quand il lui proposa son chantage stupide:

-Je détèste les gens qui insistent autant.

La jeune italienne s'approcha de lui et il ne broncha pas. Alors qu'elle était à présent très près de son visage elle déclara:

-Je ne vous aime pas. Mon instinct me dit de fuir ou de faire en sorte que vous ne soyez plus de ce monde. Vous n'êtes pas un mec bien ça se sent.

Elle rageait intérieurement. Elle avait envie de lui enlever ce petit sourire niais de son visage, de lui défigurer sa belle gueule d'italien:

-Alors vous acceptez ?

Comme si elle allait le choix. Elle aurait bien aimé le tuer tout de suite, mais elle n'aurait pas put avoir la réponse à sa question. La jeune femme s'éloigna, toujours les poings sérrés et commença à enlever son manteau, son écharpe, ses bottes:

-Je vous laisse énumérer les régles de ce combat.

Un combat. C'était peut-être une idée stupide. Ou peut-être la meilleure qu'il avait. Après tout cela était ce qui composait principalement son univers. De plus, dans un affrontement personne ne mentait. D'ailleurs c'est ce qui lui avait amené un sourire le jour où il avait vu le second film de la trilogie Matrix. Les paroles de Séraphin: On ne peut vraiment connaitre quelqu'un qu'en le combattant. Matt trouvait cette phrase entièrement vrai. la manière de se comporter dans un combat de quelqu'un était une excellente manière de savoir ce qui se trouvait dans l'esprit de quelqu'un, sa personnalité. Même s pour lui généralement cela révélait son plus mauvais coté. En tous les cas, vu son ton, celle-ci ne l'appréciait pas vraiment. S'il avait raison lui espérait que cela change plus tard, ne voulant que la connaitre.

- Je ne vous aime pas. Mon instinct me dit de fuir ou de faire en sorte que vous ne soyez plus de ce monde. Vous n'êtes pas un mec bien ça se sent.

Le Lilao ne pouvait s'empêcher de sourire pourtant. Lali avait beau être furieuse, voir cette combattivité et cette manière d'agir lui faisait tellement penser à lui-même que cela ne faisait que le conforter dans ses pensées. Lali Zaffarano. Ce nom il ne serait pas près de l'oublier. Celle-ci se mit également un peu plus à l'aise avant de prononcer :

- Je vous laisse énumérer les règles de ce combat.
- Ce sera assez simple. Tout style autorisé. La seule limite est de ne pas provoquer de blessures pouvant faire saigner ou briser une articulation de l'adversaire. Le gagnant est celui qui parviendra à immobiliser son adversaire au sol cinq secondes ou bien qui amènera son opposant à un tel niveau de fatigue qu'il ne pourra pas continuer le combat.

Après cela, l'un et l'autre se mirent en garde. Déjà rien qu'avec cela, il sut qu'elle était loin d'être une débutante. Ce qui ne fit qu'augmenter son sourire. Quelque chose lui disait que cela allait être un beau combat. La première fois qu'il allait partager un moment avec sa sœur. D'accord cela ne semblait pas très normal que leur première activité ensemble soit un affrontement, mais bon rien dans sa vie n'avait été classique, alors pourquoi cela le deviendrait il tout d'un coup ? Les coups s'enchainèrent, puissants et précis des deux cotés.

*Bon sang, je sens que je vais l'adorer si j'ai raison.*

C'était hallucinant de pouvoir combattre à ce niveau. Pour la première fois depuis qu'il se battait, et ce malgré plusieurs changements de styles, Matt n'arrivait pas à prendre le dessus sur elle et ils se paraient oo s'esquivaient mutuellement. L'italien n'en revenait pas. Mais en même temps cela le faisait exulter de voir que sa cadette était si forte. Peut-être était-ce bizarre mais plus l'adversaire était fort plus lui y prenait du plaisir.

- Je me dois d'admettre... que tu es la meilleure combattante... que je n'ai jamais rencontré.

Le jeune homme était passé au tutoiement sans s'en rendre compte, heureux de ce combat qu'ils partageaient où tous ses doutes n'étaient pas présents. Il y voyait une personne avec une grande force personnelle, beaucoup de volonté, un mental en acier trempé mais qui savait également se montrer présente pour ses proches. Finalement après des heures et des heures d'affrontement, tous les deux tombèrent en même temps. Aucun d'eux n'avait gagné, aucun d'eux n'avait perdu. Selon ses propres termes de défi, il devait lui dire comment il connaissait le nom d'Ezio Suri et elle devrait lui donner son numéro de téléphone ainsi qu'accepter de le revoir. L'européen partit chercher une photo dans son trench-coat et la lui donna alors qu'il remettait ses chaussures.

- Je te recherche depuis un moment. La seule chose que j'ai put trouver te concernant, c'est cette photo qui remonte certainement à ton enfance. Avec comme seule indication, Ezio Suri et Lali.

Il souffla un instant.

- Notre rencontre est un pur hasard cependant et je remercie ton ami d'avoir hurlé après toi au téléphone. Pourtant avant que tu ne réagisses à ce prénom, je ne pouvais pas être certain que tu étais celle que je recherchais.
- Et pourquoi voulais-tu me trouver ?!

Puisqu'il ne s'embarrassait plus à la vouvoyer, il n'y avait pas de raisons qu'elle le fasse de son coté.

- Une raison personnelle. Je ne t'en dirais pas plus. Les termes étaient de te dire comment je connaissais ce nom. C'est fait. A toi de tenir ta part de notre marché, puisque nous avons fini sur un match nul.

Pas de sang ? Pas de brisure d'articulation ? Hum...Dommage. Elle aurait bien aimé le mettre dans un état pitoyable. Elle posa ses affaires sur le côté tout en soupirant. Un combat...Il avait vraiment eu un bon feeling sur ce coup. Jouer la carte d'Ezio Suri avait fonctionné comme sur des roulettes. Bon sang, cela l'énervait d'y attacher autant d'importance. Ezio s'était envolé, il avait disparut, c'était lui qui avait choisit de s'en aller ! Est-ce-qu'il en avait eu quelque chose à faire d'elle ? Non, rien, nada. Alors elle ferait mieux de s'en aller. Mais elle n'y arrivait pas. Le doute la rongeait et alors qu'elle était entrain de maudir son vieil ami, elle s'inquiétait pour lui. Encore des sentiments contradictoires. Elle commençait à en avoir assez. Après qu'il ai énuméré les règles, elle se posta face à lui et se mis en garde. Les poings bien sérrés, très rapprochés du visage mais en faisant en sorte que la vision soit bien dégagé, comme son père le lui avait apprit. Son adversaire n'arrêtait pas de sourire. Un sourire niais qui commençait sérieusement à l'agacer. Les coups s'enchainèrent et plus elle y mettait de la puissance et plus il semblait content. Mais elle ne se laissait pas décontenencer aussi facilement. Bon sang, il parrait tout ses coups ! Ils étaient totalement inutiles ! Et en plus elle sentait que son énérgie commençait à s'épuiser. Son adversaire était fort, elle ne pouvait pas le nier. D'ailleurs, ses méthodes lui faisaient penser à deux choses: Les combats de rue et le style des bâtiments. Elle n'aimait pas trop cette pensée et décida de la garder dans un coin de sa tête. Après de longues heures, ils tombèrent tous les deux au sol. Elle avait souhaité de toutes ses forces résister mais ses jambes avaient refusé de la porter plus longtemps. Mais la douleur des muscles et la fatigue étaient trop présents. Il tomba à terre en même temps qu'elle mais se releva quelques instants après. Une photo tomba au sol. C'était en Italie. Elle était encore toute petite et Ezio la tenait dans ses bras. C'étaient en Italie. C'était quand ils étaient encore ami. Elle ramassa la photo:

-Où as tu eu ça ?

La jeune femme se releva, toujours les poings sérrés. Ses muscles tiraient énormément et elle sentait bien qu'elle était épuisée. Cependant,tout cela était trop étrange pour qu'elle laisse couler. Elle frissona lorsqu'il lui déclara qu'il la cherchait. Si c'était en rapport avec un bâtiment ennemi, elle était mal. Mais pourquoi elle ? Il ne répondit pas à sa question. Il semblait être un manipulateur hors paire. Elle avait l'impression d'être dans un jeu dont elle n'était pas le maître. Et elle n'aimait pas cette sensation. Alors qu'il était entrain de remettre son manteau, la jeune femme le plaqua violement au mur. Elle posa son bras sur son cou de manière à ce qu'il ne puisse pas bouger. Il semblait surpris mais heureux:

-Tu es complètement timbré. Je tiendrais ma promesse, mais je te conseille de faire gaffe à tes fesses. Je le répète, je ne t'aime pas. Tu as beau être un bon combattant, pour moi tu n'es rien d'autre qu'un petit moucheron sur mon pare brise.

La jeune femme resta un instant à l'observer puis elle déserra sa prise. Il avait de la chance, elle était une femme d'honneur. Elle saisit un crayon et lui écrit son numéro de téléphone directement sur son trench coat. Ensuite, l'italienne s'habilla et quitta la salle s'en rien dire.

C'était sans doute complètement ridicule. Chacun frappait de manière à blesser l'autre, le combattait de toutes ses forces et avec rage en donnant le meilleur de lui-même par pur respect de l'adversaire dans les limites qui avaient été autorisées et lui ne pouvait s'empêcher de sourire. C'était juste plus fort que lui. A dire vrai il devait même se retenir de rire de joie de se retrouver là en cet instant. Oui c'était peut-être complètement fou mais en fait le jeune homme était ni plus ni moins qu'euphorique de partager ce moment, aussi violent soit il et aussi en colère la jeune femme soit elle contre lui pour manipuler les choses ainsi. Tous ses muscles tremblaient d'épuisement. A tel point que même marcher était difficile. La photo sembla l'intriguer et malgré le fait que celle-ci posait encore une nouvelle question, il consentit cette fois-ci à lui répondre.

- Par un geek notoire. C'est la seule trace qu'il a eut de toi avec le nom de Londres. Tu es bientôt pire qu'un fantôme, Lali.

Le jeune homme continua de se rhabiller et alors qu'il allait remettre totalement son trench-coat sa sœur le plaqua brutalement contre le mur. Quelqu'un serait il entré à ce moment là que la scène aurait put paraitre très bizarre. Mais il devait reconnaitre que sa cadette était magnifique. Parce que maintenant il n'y avait plus aucun doute dans son esprit maintenant. Cette sublime jeune femme était sa sœur. Après des mois et des mois de recherches la chance avait été de son coté, même si son pari s'était révélé très risqué. Et rien que ça éclairait sa journée bien plus que tout le reste.

- Tu es complètement timbré. Je tiendrais ma promesse, mais je te conseille de faire gaffe à tes fesses. Je le répète, je ne t'aime pas. Tu as beau être un bon combattant, pour moi tu n'es rien d'autre qu'un petit moucheron sur mon pare brise.

Si semblables. C'était tout de même hallucinant. Si Lali n'avait pas eut son bras sur sa gorge, Matt aurait rit à gorge déployée. Quel dommage qu'il n'y ait pas de miroirs dans cette pièce. Peut-être aurait elle soupçonné quelque chose tant elle semblait vive d'esprit. L'italienne partit pour finir de s'habiller après avoir marqué son numéro de téléphone au rouge à lèvres sur son trech-coat. Tiens, on ne lui avait encore jamais fait ce coup là.

- Je suis peut-être fou oui. Mais cette folie à une raison. Je t'assure que tu finiras par connaitre la vérité et que tout sera clair à ce moment là, Lali. A bientôt.

Celle-ci finit par partir et lui nota son numéro dans son portable, et alors qu'il était seul ne put s'empêcher de rire et de pleurer de joie en même temps. Il avait réussi. Après tout ce temps. Sa jumelle. Celle-ci devrait apprendre la vérité. Mais il ne pouvait pas lui annoncer comme cela. Pas sans rien, sinon elle rejetterait toute son argumentation. Donc le Lilao devait trouver des preuves. Mais lesquelles ? Les hommes qui avaient tué sa mère devaient certainement avoir fait disparaitre toute trace chez lui en Italie. Donc même pas la peine d'y penser.

- La vérité finira par éclater au grand jour, Sorellina. Ce jour là tu pourras me comprendre.

Lui aussi finit par repartir et ferma la salle, retournant chez lui. Il avait maintenant plusieurs éléments pour tenter des recherches sur internet. Eh bien qu'il n'était pas enquêteur et n'était pas plus doué qu'une personne lambda avec l'informatique, tenta de trouver quelque chose à partir de son nom ou de son numéro de téléphone mais resta bredouille. Pas de photo, pas d'adresse, rien. C'était comme si elle n'existait pas.

- Bien ce que je disais. Pire qu'un fantôme. En même temps avec le bâtiment B je dois être devenu aussi fantomatique qu'elle.

Quelques jours passèrent avant qu'il ne se décide à la contacter. Entre temps il avait demandé gracieusement à un hacker (le menacer de le tuer s'il ne le faisait pas était un bon moyen d'avoir un rabais) de chercher des informations sur elle mais il fit aussi chou blanc que son commanditaire. Bon eh bien restait à revoir celle-ci alors. En un début d'après midi le jeune homme appela le numéro et après quelques tonalités une voix répondit :

- Allô ?
- Bonjour Lali. C'est le type très agaçant d'il y a quelques jours, Matt Lilao. Puisque tu as refusé ma première offre mais que tu dois encore tenir cette partie de ta parole, puis-je te proposer d'aller prendre un café dans le Starbuck de Stanford, pas très loin de High Street ?

L'européen sentit que cela devait profondément l'agacer et il s'en excusait mentalement de mener les choses ainsi, mais malheureusement il lui était impossible pour le moment de lancer les choses de but en blanc. Celle-ci finit par accepter à contrecœur. C'est ainsi qu'ils s'y retrouvèrent une demie heure plus tard. Matt était déjà installé, sur un fauteuil confortable et ne put s'empêcher un sourire en la voyant arriver et s'installer.

- Alors, que prendras-tu ? lui demanda-t-il en italien alors qu'un serveur approchait.

Ce café une petite particularité. Du coté des droit des fauteuils où ils étaient installés se trouvait un miroir d'une quarantaine de centimètres de hauteur et toute la longueur du mur de la salle, avec quelques fis le logo Starbuck dessiné dessus. Ce serait un début pour la faire s'interroger.

-Je détèste la Russie. Ok, ta dernière mission a completement foiré et tu as totalement foiré et la punition après ça, ça fait partie du réglement. Donc cette punition elle est...Normale on va dire. Mais je détèste la Russie. Les macs là-bas, ils pensent pas qu'après je suis obligé de me taper toutes les réparations ! La torture c'est beau, c'est simple ! La réparation c'est chiant.

-Fermes là.

Il l'observa, jeta violament son bistouri au sol. Il poussa un long soupir avant de commencer à parler:

-Toi, tu vas arrêter de me parler comme ça ! Je sais pas ce que tu as en ce moment mais tu es d'une humeur de chien ! Tu envois balader tout le monde, tout le monde ! Encore les autres je comprends. Mais moi ?! Moi...Qu'est-ce-que je t'ai fait Lali ? Je te signale que tu n'es pas en mesure de me traiter comme un chier. Je te donne ton traitement, je soigne toutes les blessures que l'on t'inflige. Sans moi, tu serais rien, tu serais morte. Alors je te conseille d'arrêter ça.

Elle soupira:

-Une menace ? Si tu crois que...

Il se rua vers elle, l'embrassa avec violence. Puis après un instant, il se dégagea tout en posant sa main sur sa bouche:

-Tu n'as rien compris pauvre idiote. Tu sais bien que si tu as un allier ici, c'est bien moi. Alors arrêtes de me repousser et de me cacher des trucs.

Il soupira, saisit son siège et son bistouri et se remis au travail. L'italienne soupira, tête basse:

-C'est le voyage en Russie ? Vu ce que je dois soigner, tu as du en baver.

-Non...J'ai l'habitude.

Il secoua la tête tout en soupirant:

-Violence morale ?

-J'ai également l'habitude.

-Je tuerais bien ton père des fois. Infliger ça à sa propre fille.

-C'est comme ça pour tout le monde.

-Arrêtes de le défendre. Même toi, tu n'y crois pas. Dis moi ce qui te tracasse.

La jeune femme soupira tout en secouant la tête. Elle allait parler lorsque son portable sonna. Elle décrocha tout en grimaçant. Et bien manquait plus que ça. Voila que cet étranger revenait dans sa vie ! Mais que voulait-il à la fin ?! Mais bon...Une promesse était une promesse. Et puis, elle voulait en savoir plus sur ce type. Elle raccrocha et Alexandre sourit:

-Ouh...Rencard ?

-Pas du tout. C'est le type dont je t'ai parlé.

-Oh. Tu veux que je vienne ?

-Non. Termines juste ça au plus vite.

-Tu es marrante toi ! Enlever 17 points de suture, mademoiselle trouve que ça se fait en moins de deux minutes !

Elle lui adressa un sourire, le traita de con. Il était vrai qu'en ce moment elle était vraiment insupportable. Peut-être à cause de la Russie. Peut-être à cause de son échec. Peut-être à cause de cet étranger. Après le combat, elle avait été dans un tel état de rage. Peut-être à cause d'Ezio...Elle détèstait se souvenir de lui. 20 minutes après, Alexandre avait finit:

-Tout beau, tout neuf ! Ne forces pas trop par contre, ça pourrait se remettre à saigner. Bon, ben saigne bien ce jeune étranger !

Il lui déposa un baiser sur le front accompagné d'une petite tappe sur les fesses:

-Tu ne crois pas que l'on devrait arrêter ça ? Ami/ Amant c'est étrange.

-On ne résiste pas à la tentation ma belle !!!

Elle éclata de rire et se rendit à son rendez-vous. Il était déjà là. Apparement il n'aimait pas être en retard. Elle s'installa sans le moindre sourire et commanda un cappuccino.

Le jeune homme ignorait encore pour le moment de ce que sa sœur souffrait au niveau de ses missions et de la remise à niveau qu'elle avait enduré. En ce qui concernait les siennes personnellement, tout se passait bien. Ses employeurs semblaient assez content de lui. En même temps vu le genre de bouleau qu'ils lui demandaient de faire, cela lui allait très bien. D'autres auraient dit que ce genre de jobs n'étaient pas à faire, que c'était contre la morale, ou d'autres excuses bidons encore, surtout qu'on ne lui donnait aucun justificatif sur pourquoi telle ou telle personne devait se retrouver dans un monde meilleur ou dans un état lamentable. Mais lui s'en moquait. Ce job lui permettait à la fois de canaliser sa colère phénoménale, d'utiliser ses dons au combat et en prime de se faire pas mal d'argent, ce qui lui permettait de vivre tranquillement et de continuer ses recherches. Même si celles-ci allaient lui couter beaucoup moins maintenant, puisqu'il n'avait plus vraiment besoin de chercher cette personne. Maintenant c'était autre chose qu'il lui fallait. Mais comment y parvenir ? Là était la question. Son air restait aussi froid que de la glace et Matt commanda donc deux cappuccino.

*Nouveau point commun.*

Le Lilao ne pouvait s'empêcher de les noter, comme autant de petits trésors qu'elle laissait soudainement à sa portée, même si son air n'était guère engageant. Elle semblait avoir le visage un peu rouge mais avec le froid extérieur, c'était sans aucun doute normal.

- Tu es quelqu'un de parole, c'est appréciable d'en trouver encore dans ce monde.

Même si lui l'était également. Comme elle le pensait Matt détestait être en retard raison pour laquelle le jeune homme arrivait bien souvent à l'avance. Leurs boissons furent amenés, et il posa ses mains autour de la tasse avant d'en boire une gorgée. C'était peut-être brulant mais c'était appréciable. Le jeune homme eut un léger sourire.

- En tous les cas, c'était un beau combat entre nous il y a peu. Depuis combien de temps t'entraines-tu pour avoir ce niveau ? Je dois admettre que je ne m'attendais pas à autant de résistance.

Autant repartir depuis les derniers évènements, même si le jeune homme se doutait que des questions pour lui allaient forcément finir par arriver dans la conversation. Mais ce serait du donnant donnant. il la mettrait sur la voie. Mais ce serait à elle de décider de l'explorer ou pas.

La jeune femme enleva son manteau tout en faisant bien attantion à ne pas trop bouger son bras. Dès son retour en Russie, Alexandre l'avait directement pris en charge pour la soigner. Mais seulement, son combat contre cet étranger n'avait pas améliorer son état. Elle avait été tellement en rage qu'elle n'aviat rien sentie sur le coup ! Sauf que lorsqu'elle était allée au bâtiment A pour rendre visite à Alexandre, sa manche était tachée de rouge et elle avait manqué de s'évanouir. Inutile de préciser qu'elle s'était faite enguirlander et pas qu'un peu. Alexandre ne le dirait jamais, mais il avait peur pour elle. De savoir que sa meilleure amie pouvait mourire à chaque instant, ça lui faisait peur. Et sans qu'il le veuille, il avait un air de soulagement quand il la voyait. Alexandre...Une personnalité bien complexe, lui aussi. Peut-être qu'au final, elle n'était entourée que de ça. La jeune italienne observa l'homme en face d'elle. Il avait encore ce même sourire niais sur son visage. Il avait vraiment un problème. Un gros problème. Il sortait peut-être de l'asile. Elle avait cherché sur internet, mais elle n'avait pas trouvé grand chose. Elle savait qu'il avait fait des combats de rue pendant longtemps mais que cela avait diminué depuis quelques temps. En tous cas, elle ne lachait pas la piste qu'il soit d'un autre bâtiment. Elle poussa un soupir et saisit sa tasse:

-Depuis 7 ans. Et vous ?

Elle avala un peu de liquide. C'était brûlant, juste comme elle l'aimait. Elle reposa sa tasse et esquissa un léger sourire:

-Pourquoi voulez-vous me voir ?

Matt souriait. D'ailleurs peut-être n'avait il jamais autant sourit de toute sa vie. Sa simple présence était pour lui un moyen de se retrouver à être heureux et de bonne humeur. Même si elle se montrait assassine avec lui, le jeune homme préférait largement cela au fait de ne pas avoir put pendant des mois confirmer son existence. Lui aussi avait retiré son trench-coat, qui ne portait plus désormais le numéro marqué au rouge à lèvres, révélant qu'il portait un pull à col roulé blancs, un pantalon noir et même si cela ne se voyait guère sous la table, des santiags.

- Depuis que j'ai six ans. C'était une volonté de ma mère au départ, elle voulais que je puisse me défendre, puis après c'est devenu une passion pour moi alors j'ai continué. Mais tu n'es pas obligé de me vouvoyer.

La première question, et sans aucun doute la plus importante ne tarda pas à tomber, ce qui le fit sourire. Le Lilao s'y attendait. Pourtant la raison était assez simple.

- Je veux apprendre à te connaitre. A savoir qui tu es. Même si je pense déjà que tu es quelqu'un avec un fort caractère, un mental en acier, proche de tes amis mais impitoyable avec tes adversaires. Loyale à ta vision du monde et tes principes, comme l'honneur.

Il reprit une petite gorgée de sa boisson. Celle-ci ne serait pas du genre à vouloir trop en dire, au contraire. Sa manière de combattre. Sa position restait presque neutre jusqu'au moment précis où elle portait le coup. Impossible de deviner à l'avance où elle allait frapper et il fallait un excellent instinct ou de très bons réflexes pour réussir à la parer.

- Je sais que tu ne me fais pas confiance, et je le comprends parfaitement. C'est même la seule réaction logique à avoir. Mais je te promets que je ne te veux aucun mal. Le combat, c'était surtout parce que je n'avais pas d'autres idées sur le moment. J'ai juste prit ce que je connaissais, ce qui n'a pas eut l'air de te déranger outre mesure d'ailleurs.

La jeune femme poussa un long soupir. A dire vrai, elle s'en fichait un peu de sa vie. Même si elle retenait malgré elle toutes les informations qu'elle entendait. On ne sait jamais, n'importe quoi pouvait-être utilisé. Elle soupira, elle préfèrait de loin le vouvoyer. La dernière fois, elle l'avait tutoyer par colère. Mais le "vous" était plus impersonnel et mettait une distance plus forte entre eux deux. Raison pour laquelle elle préférait l'utiliser:

-Oui, ça se voit. Vous avez la passion du combat. Et je dois reconnaître que vous étiez un très bon adversaire.

L'originaire de la botte l'observa fixement quand il énuméra ce qu'il pensait d'elle. Cet esprit d'analyse lui rapellait quelque chose. L'aprentissage qui était imposé dans les bâtiments. Cela lui donnait une raison supplémentaire de se méfier de lui:

-Je vois que vous avez déjà votre vision de ma personne. Inutile d'aller plus loin puisque vous savez déjà tout.

Elle poussa un long soupir. Il était vraiment insistant. Et elle détèstait ça. Tiens donc, lui même disait qu'il était logique qu'elle se méfie de lui. Elle esquissa un minuscule sourire tout en secouant la tête:

-Cela ne m'a pas dérangé parce que j'avais très envie de vous éclater la tête contre le sol, c'est l'unique raison. Je ne vous connais pas et sans ça je ne vous aime pas. Je ne vois pas en quoi il serait utile d'aller plus loin.

Savoir reconnaitre les qualités d'un adversaire. C'était une preuve de respect mutuel. Savoir que l'on est accepté en tant que combattant par son adversaire est le meilleur moyen de savoir que le combat sera loyal, que chacun estime l'autre d'une certaine manière digne de le combattre. Le compliment le fit sourire doucement. Même si encore une fois si elle avait put le tuer maintenant, celle-ci l'aurait sans doute fait sans aucune hésitation. Elle préférait rester distante et lui-même ne pouvait pas lui en vouloir sur ce point particulier.

- Avoir un avis sur quelqu'un ne veut absolument pas dire la connaitre, loin de là. Ce n'est qu'une première approche, une esquisse. Un peu comme au dessin. Ce serait dessiner les contours d'une apparence sans lui donner les détails.

En tous les cas réussir à garder le contact allait s'avérer difficile si dès qu'ils se voyaient ils se lançaient des pics en permanence. Mais en même temps le meilleur moyen de cacher ce que l'on pense réellement est d'utiliser la colère, c'était bien connu.

- C'est vrai que tu n'y vois peut-être pas d'utilité première. Après tout la seule chose que nous ayons en commun apparemment, c'est de venir d'Italie. Du moins, c'est le plus visible. Mais si je te disais que ce n'est peut-être pas la seule chose qui nous relie ?
- Vous voulez parler d'Ezio ?
- Je vais être franc, même pas. Il a juste été le moyen de m'assurer que tu étais la Lali que je recherchais, simplement. Mais puisque l'on parle de voir, observes nous donc dans ce miroir à coté de nous.

Ils étaient jumeaux. Et même si étant de sexe opposés cela se voyait donc moins, l'un et l'autre se ressemblaient tout de même. Cela ne pourrait pas lui échapper, à moins qu'elle ne fasse volontairement l'aveugle. Mais dans tous les cas, même si elle ne disait rien devant lui, cela risquait de la faire encore réfléchir sur lui, et la pousser à ne pas rompre le contact, aussi insupportable pouvait il apparaitre.

Elle avala presque la totalité de sa tasse. Son cappuccino était entrain de refroidir et elle détèstait ça. Un soupir sorti à nouveau de sa bouche. Elle commençait à en avoir assez d'être ici. Certes, elle se posait plein de question différente par rapport à lui. Surtout celle du bâtiment. Et cela expliquerait pourquoi il la cherchait. Mais en même temps...Les bâtiments ne prenaient pas le temps de connaitre leur victime... A part si...Si ils connaissaient son secret. S'ils savaient que son père était le directeur du bâtiment A, alors il était normal qu'ils souhaitaient avoir des renseignements sur elle...La jeune femme décida de garder cette hypothèse dans un coin de sa tête:

-Avoir un dessin entier ne sert à rien si on n'accroche pas le tableau final au mur.

Lui ne comprendrait certainement pas la métaphore. Mais elle, la voyait très bien. La jeune femme soupira:

-Personnellement j'ai toujours préféré l'art abstrait.

La jeune femme se tourna et observa leur reflet. Et paf. D'un coup, elle reçut comme une giffle. Comme un coup de poing en grande figure. Maintenant, elle savait à qui il lui faisait penser. Elle savait exactement à qui il ressemblait. On aurait dit les deux faces d'une même pièce. La jeune femme se mordilla légèrement la lèvre. Il l'observait comme si il attendait quelque chose d'elle. Comme s'il était fièr de lui montrer leur reflet. Mais c'était quoi ce bordel... La jeune femme fronça les sourçils et détourna le regard:

-Et alors ?

Elle poussa un long soupir:

-Ecoutez, terminez votre dessin seul. J'ai respecté la part du contrat, je n'ai plus rien à faire ici.

Lali déplaca son bras d'une façon très rapide et elle grimaça. Pas de geste brusque avait-il dit. C'était trop tard. Elle sentait la douleur venir à elle. Elle ragea légèrement, laissa deux euros avant de prendre son manteau et son sac et de s'en aller.

Sujet: Re: Le hasard et son jeu de dés... [Pv Matt Lilao]