*** Flash back ***
-C'est bien compris ? On a besoin de recrues. Sinon, le Bâtiment A serait majoritaire... Tu ne veux pas que ça soit le cas, n'est-ce pas... ? Sinon, ton cachet serait divisé par trois ! Et tu n'en as pas envie, hein... Et puis, si tu ne le fais pas, ton père risque de recevoir de la visite incessament sous-peu !

-Tu n'oserais pas...

-C'est mal me connaître ma chérie ! -dit John en caressant la joue d'Helen, un air machiavélique sur son visage

-Tu es pire qu'ignoble. Enfin... Je n'ai pas le choix. C'est encore mon tour, et crois-moi, je ne le laisserai pas passer. J'y vais ce soir... Et tu peux être sûr, je t'en trouverai un à la hauteur de tes espérances ! Et pas un abruti de bas-étage !

-Ahahaha ! Et n'oublie pas ton "invitation" !

-Je déteste qu'on me prenne pour une imbécile et tu le sais bien, John ! Alors je t'en prie, épargne-moi tes sarcasmes et autres conseils inutiles ! Je sais ce que j'ai à faire. J'suis "programmée" pour ça.

-Ne monte pas sur tes grands chevaux, non-plus ! Bon... Si tu sais ce que tu as à faire, vas-y, je ne te retiens pas ! La porte, c'est par là. -ajouta-t-il, amer, en pointant du doigt ladite porte
Helen ne se fit pas prier et sortit sur le champs, en prenant grand soin d'attrapper l'invitation posée sur la table.
*** Fin du flash back ***



En repensant à ce moment de la journée, elle se dit qu'il n'y avait pas matière à discuter : elle ne detestait guère les conflits, au contraire ! Mais elle n'aimait pas particulièrement ces confrontations avec ces supérieurs hierarchiques. Ca avait le don de l'agacer..

Il faisait plutôt froid, en cette soirée de la mi-mars. La nuit tombait vite sur la capitale. Et dans un quartier aussi mal famé, cela faisait froid dans le dos. D'autant plus pour une jeune femme ! Mais recrutement oblige, Helen Scott se devait être là. Et puis, la peur, celà faisait bien longemps qu'elle l'avait oublié. De tout façon, Southwark, elle connaissait bien : pas de raison de s'inquiéter! Elle sortit donc de son sac son miroir de poche, s'adossa à un mur de pierres et se remaquilla un court instant ! Ca n'est pas parce qu'on va passer sa soirée entouré de sauvages qu'il ne faut pas se mettre en valeur ! Elle rangea le miroir, s'enmitoufla dans son long manteau noir et frappa à la porte qui se trouvait à sa droite. Le judas s'ouvrit. L'armoire à glace qui se trouvait derrière la reconnut immédiatement. Il ferma le judas, s'empressa d'ouvrir la porte et adressa un signe de tête en guise de binvenue à Helen qui lui tendit le carton et s'engouffra dans le corridor sombre. Elle n'avait même plus besoin de se faire guider jusqu'au "ring". Quand elle entra dans la pièce aux néons blanchâtres, des effluves de cigarettes (et autres produits à fumer...), et de transpiration. Pas très raffiné, comme endroit -pensa-t-elle ! Elle défit un à un les boutons de son manteau qu'elle ôta par la suite. La jeune femme prit place au fond de la salle, essayant de ne pas se faire repérer. Après tout, elle venait incognito ! Dans une vingtaine de minutes, le combat allait commencer et déjà un bon nombre de personnes s'installait. De toutes les nationalités ! Toujours aussi cosmopolite, cette ville ! Helen repéra même deux-trois beaux gosses. Une serveuse-strip teaseuse, à en juger la courte tenue qui lui servait de robe, lui demanda ce qu'elle voulait commander. Elle revint quelques instants plus tard avec la choppe de bière demandée. La salle était pleine !

"A croire que c'est le seul endroit où on s'amuse ici, le jeudi soir..."

Le combat. C'était une chose que Matt connaissait bien. A dire vrai c'était sans doute même ce qu'il savait faire de mieux depuis son enfance. C'était sa mère qui l'avait voulu, pour lui apprendre à canaliser son énergie. mais maintenant que lui y pensait avec du recul par rapport à ce qui s'était passé chez eux, Matt ne pouvait s'empêcher de se dire que tout cela était une sécurité prise par celle-ci afin qu'il puisse se défendre seul une fois qu'elle ne serait plus là. Pendant toutes ces années sa volonté de le voir réussir n'était qu'une manière de s'assurer que le moment venu le jeune homme pourrait parfaitement prendre en charge seul sa sécurité personnelle. Et ça avait réussi. Les connaissances sur les différentes méthodes de combat se bousculaient dans sa tête. Prête à être utilisées à tout moment.

C'était d'ailleurs pour cela que l'Italien aimait les combats de rues. Il n'y avait aucune règle, hormis celle de se trouver plus fort que son adversaire. Personne ne se formaliserait parce qu'il passait de la boxe au karaté puis s'orientait vers la capoeira avant de reprendre un peu de kick boxing. Et tous ces styles lui donnaient une possibilité d'adaptation assez surprenante. De ce qu'il avait entendu, il y aurait trois combats ce soir. Le sien était le dernier. Cela lui laissait parfaitement le temps de se préparer. Le premier opposait un sénégalais à un néo-zélandais, le second un américain à un russe et le dernier lui-même à un japonais que Matt avait déjà vu combattre. Son style s'orientait surtout sur le karaté, mais s'il se retrouvait avec une barre en main celui-ci passait plutôt au kendo. On verrait bien ce qui serait le cas ce soir. Il y eut l'annonce du premier combat et le silence se fit.

Everything is still and calm in the dead of night right before for the fight. Clouds are gathering for the storm, Destiny decides who will live or die. Pendant ce temps là lui se mit en tenue, à savoir un jean noir et un maillot sans manches de la même couleur puis prit le temps de s'étirer consciencieusement. Pendant ce temps là, on annonça que le néo-zélandais venait de l'emporter. Pounding of the drums of war, turns your tears to mud, rivers turns to blood. Le second combat se passa également et cette fois-ci ce fut le Russe qui l'emporta. Cela allait enfin être son tour. Le Lilao partit donc jusque son coin du ring, concentré. If you live to see another day take another breathe make it life or death. L'animateur se lança donc dans son petit speech pour les parieurs.

- Dans le coin de droite, nous avons maintenant un habitué de nos combats, de nombreuses fois victorieux et dont on ne compte plus les adversaires qui ont fini à l'hôpital ! Voici Keiji Sato !!!

Il y eut des applaudissements et des sifflements appréciatifs ainsi que quelques hurlements.

- De l'autre, nous avons un jeune challenger arrivés parmi nous depuis quelques semaines seulement mais qui pour le moment ne compte aucune défaite à son actif et nous a déjà montré qu'il en avait à revendre !! Voici Maaaaaaaatt Lilao !!

Le public réagit encore une fois avant que les deux combattants ne se placent et que l'arbitre ne lance le début du combat. Afin de faire baisser la garde de son adversaire sur le point voulu, l'européen décida de se la jouer comme un boxeur, avec une garde plus au niveau du visage et en esquivant les coups. Pour le moment, celui-ci ne faisait que parer pour le laisser se fatiguer, l'amenant petit à petit dans un piège bien vicieux. Le japonais frappait brutalement et avec précision. Mais la patience était une vertu. Lorsque faille se présenta, la droite de Matt partit pour frapper les côtes de son opposant. Celui-ci rectifia immédiatement sa garde et ne put pas contrer l'uppercut qui commença à le sonner. Changeant de style Matt utilisa un coup de pied sauté descendant pour le rabattre vers le sol avant de le plaquer et de l'immobiliser à la manière d'un catcheur, s'emparant de sa jambe droite et lui brisant l'articulation sans le moindre état d'âme. Pourquoi en aurait il eut d'ailleurs ? Chacun connaissait les risques de ce qu'ils faisaient non ? Profitant que la douleur continue de le laisser au sol à hurler, le jeune homme se releva et lui démit brutalement l'épaule gauche. Après ça, préférant arrêter le carnage l'arbitre stoppa le combat et déclara l'originaire de la Botte vainqueur. Everybody wants the glory but you better remember the fight is to the end, the fight is to the end. Voilà comment on gagnait rapidement 10 000 £. Matt après les acclamations de la foule repartit donc pour les vestiaires histoire de récupérer ses habits premiers. Une bonne douche en rentrant chez lui ne serait pas un luxe. Une fois de nouveau habillé, le jeune homme sortit et retraversant le "ring" pour remonter à la surface remarqua qu'une jeune femme était toujours présente.

Grande, élancée, les cheveux entre le brun et le noir plus ou moins longs, un regard franc, direct et combattif, des lèvres légèrement rehaussées sans vulgarité par le maquillage et une allure féline. En un mot : séduisante. Voilà qui pourrait peut-être être un excellent moyen de finir la soirée, qui sait. Après tout si elle était encore là, c'était sans doute pour quelque chose de précis.

- Je peux vous aider peut-être ? demanda-t-il poliment

"Les combats de rue sont vraiment tous les mêmes..."

Helen avait bien envie de se lever, d'enfiler son manteau et s'en aller. Mais le boulot était le boulot et elle ne pouvait pas se permettre de partir. Néamoins, il fallait se l'avouer : les lutteurs étaient vraiment nuls ! C'est alors qu'elle entendit l'animateur annoncer le combat de Sato (qu'elle avait déjà essayé de recruter mais, après l'avoir sauté, s'était rendu compte qu'il ne servait à rien et qu'il n'avait pas du tout le profil du Bâtiment B. Il avait même dit "Ton batiment de merde, tu peux te le foutre là où je pense" quand elle l'avait largué.) et d'un homme qu'elle ne connaissait que de nom. En le voyant, de loin, sous les néons, elle le trouva bien séduisant. Mais elle préférait attendre de les voir se battre plutôt que de se leurrer en jugeant sur les apparences physiques. Elle se re-assit et les regarda lutter. Le sang, les larmes, les cris des spectateurs... Tout un univers spécial qu'elle affectionnait. Mais elle préférait par dessus tout quand le combat se terminait par un décès. Cette fois, ce ne fut pas le cas, Sato était juste très amoché. Les applaudissements retentirent et elle se surprit elle-même à frapper très légèrement dans ces mains. Sato s'était fait envoyer au vestiaire ! Elle sourit intérieurement, fière de cette vengence interposée. Elle attendit que les gens s'en aillent et resta là, quelques instants. Elle sortit de la pénombre et se dirigea vers les "loges". Elle savait à présent pourquoi John l'avait envoyé : ce Matt Lilao avait un potentiel, elle en était persuadée. Bien sûr il manquait de pratique et d'un peu de gestes techniques mais ses combats étaient impressionnants et la rage de vaincre était bien là : ça se sentait !
Le jeune homme fort séduisant revint, âprès s'être changé et se dirigea vers elle.

-Je peux vous aider peut-être ? demanda-t-il poliment

Elle esquissa un sourire et se dit qu'avec lui, ça serait du gateau.

-Je pense que oui. Lilao, c'est bien ça ? Matt Lilao ? Félicitations. Beau combat... Bon, je vais être franche, je n'suis pas là pour faire des louanges à votre égard, mais plutôt pour parler affaire...

- Merci tout de même du compliment. Je suis bien Matt Lilao. Mais puis-je vous proposer de discuter ailleurs qu'ici ? Non que l'endroit soit dérangeant, mais je suppose qu'il serait plus appréciable de parler devant un bon café plutôt que dans un bâtiment abandonné, non ?

Le jeune homme lui rendit son sourire.

"Un café ? A cette heure-ci, quelle drôle d'idée..."-pensa-t-elle
Néanmoins, elle acquieça, légèrement surprise

-J'allais justement vous proposer de sortir d'ici. Alors soit. Va pour un café... -s'enquit-elle- Les grands esprits se rencontrent, comme on dit.

Ils se dirigèrent vers la sortie, traversèrent de nouveau le corridor sombre et Helen adressa un signe de tête au portier. Le duo fut bien vite dehors, dans la rue à peine éclairée par un unique réverbère.

- Pourrais-je cependant connaitre le nom de mon interlocutrice ? Puisque pour le moment vous avez un avantage que je n'ai pas, celui de savoir qui je suis.

-Helen Scott. -lui répondit-elle, bien qu'elle n'aimait pas vraiment donner sa véritable identité
Après s'être présentée, Helen remarqua qu'une voiture l'attendait.

"Pile à l'heure"

- Puis-je vous proposer que nous nous retrouvions donc au Starbuck de St Martin's Lane ? Puisque je vois que vous avez vous aussi votre véhicule et que le laisser ici serait sans doute une très mauvaise idée. -demanda l'étranger

La jeune femme hocha la tête en signe d'approbation et ils firent donc route l'un derrière l'autre jusqu'au dit café et se posèrent à une table après que Matt lui ait galamment tenu la porte.

-Et galant avec ça ! -dit la demoiselle en souriant

Chacun commanda ce qu'il souhaitait, M. Lilao prit un Cappuccino et elle un café latte frappé avec une demi-dose de sucre.

- Je vous écoute, de quelle affaire vouliez-vous donc me parler ?-[i]demanda Matt l'air curieux, après s'être installés à une table [/i]

-Hum... Je ne vais pas aller par 4 chemins. Vous avez du potentiel, Monsieur. Et... Disons que l'entreprise dans laquelle je travaille serait ravie de vous compter parmi ces membres. -répondit-elle en diminuant le ton de sa voix, pour que le peu de clients qui restait au café ne puisse rien entendre de leur entretien. Elle but deux-trois gorgées et continua :
-Vous avez un potentiel impressionnant destiné au combat. Et je, enfin nous, serions honorés si vous étiez intéréssé par notre proposition... Il s'agit d'un contrat. Je ne peux pas vous en dire plus ici et maintenant. -elle sortit un dossier cartonné de son sac et lui tendit-Tout ce que je puis vous dire, c'est que dans ce dossier, tout est mentionné clairement et explicitement... En tout cas, c'est très bien payé, à la condition que vous soyez près à tout pour servir votre... communauté, si je puis dire.
Le jeune homme jeta furtivement un coup d'oeil à l'intérieur du dossier et releva les yeux, l'air intéréssé, surtout par le seul renseignement mentionné sur la couverture : "Bâtiment B".
-[color=indigo]Oh, repassez-moi ce dossier deux secondes. J'ai oublié quelque chose... [/color]-ajouta-t-elle l'air faussement timide.
Matt obéit et elle sortit un crayon de son sac. Elle y annota quelque chose en bas à droite de la dernière page.

-A présent, je suis vraiment désolée mais je dois vous laisser ! Il est tard et je dois rentrer.. Dure journée demain ! En tout cas, j'ai passé une excellent soirée et merci pour le café ! Pour tout renseignement supplémentaire, vous pouvez appeller l'accueil de l'"entreprise" à toute heure du jour et de la nuit. -dit elle en se levant- Merci de m'avoir accordé quelques heures de votre temps , ce fut un plaisir ! -ajouta-t-elle en souriant et en lui rendant son dossier.

Il la salua à son tour, l'air perplexe mais content et se serrèrent la main. Elle s'apporcha sa bouche de son oreille et lui chuchotta :- Page 6...Helen lui fit également un clin d'oeil puis tourna les talons, et s'en alla. Matt s'empressa de regarder dans ladite page...

La jeune femme sortit donc du Starbuck, marcha quelques minutes puis, s'arrêta devant une vitrine de vêtements et accessoires de mode illuminée et se mira dans ladite vitrine.

"J'suis sûre qu'il est sous mon charme, à l'heure qu'il est.." -elle se sourit à elle-même, fière de son travail. John la féliciterait, c'est certain ! Et peut-être même qu'elle obtiendrait un début de promotion qu'elle s'empresserait de donner à son père ! Puis, elle continua son chemin, prit l'underground et rentra chez elle, dans sa chambre de bonne, aussi petite qu'une cage à lapin, non-loin du Bâtiment B. Elle lança ses affaires par terre, retira ses talons et ses vêtements et s'empressa de filer sous la douche. Certes, elle était à peine tiède mais ça faisait un bien fou ! Cette odeur de transpiration masculine, de cigarette et cette pollution ambiante, cela la dégoutait au plus haut point !
Après s'être séché les cheveux, elle enfila sa nuisette, déplia son canapé-lit et se glissa sous la couette. Alors qu'elle allait éteindre sa lampe de chevet, elle reçut un texto de Matt qui disait :

*Ravi d'avoir fait votre connaissance. Très bonne soirée ! Prête pour aller boire un autre café ? Bonne nuit, Matt*

Elle se dit qu'elle allait le faire languir un peu, enregistra le numéro mais ne répondit pas de suite au SMS. Demain, peut-être... De toute façon, elle n'avait aucune envie de faire la fille facile et accro' ! S'il l'appréciait, il allait en baver...

La nuit passa, et à 7h tappantes, Helen se réveilla. Elle se prépara (petit déjeuner, lavage de dents, maquillage, coiffage, habillage, toujours dans cet ordre là) et une demi-heure pile plus tard, elle était dans la rue, à déambuler jusqu'au Bâtiment. Il avait l'air d'une agebce d'intérim, vu de l'extérieur ! Elle décida alors d'envoyer un texto au jeune homme

*Okay pour un verre. RDV à High street, samedi 19h devant le Carleton. See you soon"

Le jeune homme soupira. Comme s'il n'avait que ça à faire. Il aurait tant aimé être attaché à une autre tâche que celle d'acceuillir les nouveaux. Il devait faire passer un test de fiabilité. C'est à dire, la torture. Si sous torture, la personne ne changeait pas d'avis et voulait toujours rentrer au bâtiment B alors il était obligé de lui expliquer le contexte du bâtiment B puis par la suite lui faire signer un contrat. Ensuite, ce n'était plus de son sort ! L'aprentissage, ce n'était pas à lui de le faire. La porte s'ouvrit:

-Matt Lilao c'est cela ?

Le jeune homme en face de lui hocha la tête:

-Veuillez me suivre.

Il l'entrainna dans les sous sols et deux heures d'intense souffrance s'en suivit. Ensuite il lui expliqua le contexte du bâtiment. Tuer des gens. Tuer des personnes innocentes et tout ce baratin. Il signa la feuille et fut racompagné par un chauffeur puisqu'il n'était pas en état de rentrer.

-Bon, ce fut rapide.

Puis une belle jeune femme entra:

-Oh Helen ! Celui que tu as recruté vient de partir. Il est dans un mauvais état mais je dois dire qu'il résiste bien à la torture...En tous cas, il n'est pas en état de coucher pour le moment ahem....

Helen Scott déambulait dans le Bâtiment, depuis 15 bonnes minutes, sa tâche du vendredi mati, deux fois par mois, étant de servir les cafés et distribuer les couriers... Et ouais, c'est ça d'être "Nouvelle" (même si ça faisait presque 1 an et demi qu'elle exerçait ici...). Chaque jour, une recrue différente était chargée des tâches ingrates. Aujourd'hui, c'était elle ! Elle allait et venait donc dans les différentes ailes du Bat', qui, vu du ciel, formait un B. Mais malgré la tonne de couriers et cafés, elle avait l'air digne !
Elle se dirigea vers le bureau des nouveaux arrivants. BNA, comme disaient les habitués pour gagner du temps. Elle ne prit pas la peine de frapper à la porte, c'était une perte de temps, selon elle !

"Oh noooon... Pas Billy... Me*de ! J'avais oublié qu'il était là, lui..."

Billy, ledit jeune homme, était comme tous les autres membres du B.B (Bâtiment B) : un membre polyvalent. Il alternait différents postes et vu son air "jovial", aujourd'hui, il avait l'air de quelqu'un qui venait de faire son rôle d'entraîneur.
Enfin, il n'était pas exactement comme tous les autres membres... Parce qu'il faut savoir qu'à la différence des coups d'un soir que notre jeune femme avait l'habitude d'enchainer, elle et lui avaient vécu une histoire qui avait débuté quelques jours après son arrivée. Elle avait duré 3 mois... un record encore jamais égalé, pour notre Blanche Neige. Autant dire qu'elle n'aimait que moyennement le croiser sur son chemin. Mais elle se résolut à entrer quand même pour lui apporter son expresso.

-Oh Helen ! Celui que tu as recruté vient de partir. Il est dans un mauvais état mais je dois dire qu'il résiste bien à la torture...En tous cas, il n'est pas en état de coucher pour le moment ahem....

-Bonjour Bil'. Ravie de te revoir aussi. Je vais bien, merci. Tu dis que Matt Lilao était ici ? Et ben, il ne perd pas de temps... D'ailleurs, d'une : il a du potentiel, même si je suis sûre que tu penses le contraire et que tu t'imagines que j'fais mal mon boulot. Et de deux, je couche avec qui je veux, quand je veux, okay ? Enfin bref, tes commentaires, je m'en passe. Tiens, ton café.-ajouta-t-elle agacée, en le posant un peu trop violemment et en s'en allant, sans attendre une quelconque réponse. Elle l'entendit simplement marmonner dans sa barbe.

"Bon allez, retournons travailler ! Mais le VRAI travail !" -pensa-t-elle, en s'humidifiant les lèvres et en esquissant un sourire machiavélique

La journée de vendredi suivit son cours. Une journée banale dans la vie de notre jolie jeune femme. Tuer une vie, s'entrainer, repartir à pieds chez elle, passer chez le tunisien de sa rue, prendre une portion de couscous à emporter et rentrer chez elle. Ce soir, elle avait prévu d'aller en boîte pour se changer les idées ! Et comme à l'accoutumée, elle allait se faire draguer par différents hommes et elle se laisserait aller avec le plus séduisant et le plus charmeur d'entre eux, qui l'inviterait à boire un verre puis deux chez lui, et plus si affinités... Elle dina donc devant les informations du soir, se doucha, se pomponna et enfila une robe noire et blanche relativement près du corps et des talons aiguille... Elle s'en alla et la soirée se déroula comme elle l'avait prévu. Elle finit donc, le lendemain matin, nue dans la chambre d'un bel inconnu dont elle avait oublié le nom, à cause de l'alcool. Thomas ? Jim' ? Peter ? Oh et puis, qu'importe, elle ne reverrait jamais de sa vie ! Elle s'en alla donc sans demander son reste, et rentra à sa maison. Une fois rentrée, elle se changea, mit une tenue plus pratique pour faire du sport, et partit faire son jogging du samedi matin, la liste des courses en poche. A la fin de son sport hebdomadaire, elle se rendit au Discount du coin et elle décida de prendre le métro pour rentrer. Elle arriva chez elle vers les midi et bientôt il fut l'heure d'avaler un sandwich. Elle se doucha, enfila ses vêtements de la veille et prit l'iniciative de faire une virée shopping avec une amie (la seule qui lui restait) : Carmen. Une hispanique bien comme il faut, très déjantée, n'ayant pas peur du ridicule et qui, surtout, travaillant dans une maison close, était la dernière à donner des leçons sur le métier d'Helen.
Elles passèrent une bonne après-midi, Helen ayant acheté une pair de babbies à l'éffigie du drapeau du Royaume Uni qu'elle comptait porter le soir-même. Après s'être amusées, elles se quittèrent et Helen eut tout juste le temps de rentrer dans son appartement. A cette heure, trop de gens prennaient le métro et ça lui donnait des envies de meurtre (sans mauvais jeu de mot...) alors pour la sécurité de tous, elle opta pour un Black Cab à qui elle avait demandé de l'attendre, le temps qu'elle se change, afin de la déposer sur High Street. Elle enfila donc une robe de cocktail rouge sans bretelles (comme ici :http://imworld.aufeminin.com/dossiers/D20090130/beyonce-robe-rouge-163059_L.jpg)
ainsi que les chaussures achetées dans l'après-midi (celles-ci : http://imworld.aufeminin.com/dossiers/D20090306/Sans-titre-14-1-121141_L.jpg). Elle se couvrit le plus possible, décida de se laisser les cheveux lachés et reprit le taxi, qu'elle rêgla une fois arrivée.
Elle était ponctuelle, comme toujours, mais remarqua avec étonnement que Matt y était déjà aussi !
"Bon point pour lui..."

Il était très séduisant, elle ne pouvait guère le nier. Elle le salua en lui faisant la bise.

- Bonsoir Helen, vous êtes ravissante.

- Merci, Matt. -bien contente que sa tenue fasse le meilleur effet- A vrai dire, vous n'êtes pas mal non plus ! Il fait plutôt froid ici ! On entre ? -demanda-t-elle poliment

Le jeune homme la précéda, lui tenant la porte et ils entrèrent dans l'univers cosy d'un restaurant-lounge très chic de la capitale.

-Messieur-dame, bonsoir. Bienvenue au Carleton.

- Bonsoir Eric. (en français, dans le texte) Une table pour deux.

- Bien entendu, mademoiselle Scott. Par ici, je vous prie.

Ils suivirent le maître d'hôtel et prirent place sur une table aux allures rafinées, blanches et bleues marine. Helen connaissait bien cet établissement. Elle y avait passé plusieurs rendez-vous galants, auparavant. C'était bien trop cher pour elle, mais elle faisait tout pour se faire inviter. De toute manière, elle ne se faisait séduire que par des gens riches, c'était psychologique.

Ils s'installèrent donc à la table, Matt ayant pris soin de tirer la chaise pour que notre demoiselle s'installe, tel un preux chevalier servant ! Elle ôta son écharpe et son manteau, laissant apparaître ses épaules dénudées et son collier de la même couleur que la robe.

"Toujours autant galant homme !"

Le serveur, le dénommé Eric, appporta les trois cartes, comme les fois précédentes. Une pour les apéritifs qu'il plaça sur la table entre le "couple", une carte des menus qu'il donna à chacun et une autre pour les vins qu'il tendit à Matt, car en France, c'est toujours à la gent masculine de choisir le vin, ce qu'expliqua brièvement le serveur au jeune italien.

- Prendrez-vous un apéritif ? -demanda-t-il à sa convive

- Volontiers. On commence par du champagne ? -s'enquit-elle, hésitante. Peut-être plaçait-elle la barre un peu haute pour un premier rendez-vous ? Pourtant Matt acquieça et commanda deux flûtes de Moet et Chandon.
Afin de débuter la conversation, l'italien jugea bon de parler travail. Pourquoi pas, après tout. Ce BB, c'était la seule chose qu'ils avaient en commun... Pour le moment !

- Je suppose que vous êtes au courant, mais j'ai passé un entretien d'embauche suite à votre proposition. J'ai réussi mais j'avoue que je ne m'attendais pas à un test de sélection si rigoureux. C'est assez surprenant lorsqu'on ne s'y attend pas, mais il aurait fallut bien plus pour me décourager.

-A vrai dire, ça m'a un peu surprise que vous soyez si préssé de découvrir mon entreprise ! Je ne m'attendais pas à vous revoir là-bas avant un moment. Beaucoup de gens... auraient quitté le navire, à votre place, si vous voyez ce que je veux dire. Par ailleurs, j'ai eu quelques échos de votre entretien : fameux parait-il ! Je vous félicite. -ajouta-t-elle, un sourire sincère aux lèvres Enfin, je suis sûr que vous vous attendiez à autre chose... Pas trop déçu, j'espère ! A présent, vous savez en quoi consiste mon métier : je n'ai plus rien à vous apprendre sur ma situation professionnelle, vu qu'apparemment, nous avons aujourd'hui la même ! Oh! Et Matt -je peux vous appeller Matt ?- Je suis curieuse de savoir deux-trois petites choses à votre sujet ! Déjà, pour commencer, d'où vous vient votre si joli accent ?

Pendant qu'ils conversaient, Eric apporta les coupes et ils se souhaitèrent "A la vôtre" mutuellement.

- Merci pour les félicitations

-Mais de rien ! -le coupa-t-elle

-Et bien sur que vous pouvez m'appeler Matt, après tout c'est à cela que sert un prénom et puisque j'utilise moi-même le vôtre, ce n'est qu'une chose logique que vous fassiez de même. En ce qui concerne le travail, j'avoue que je n'avais pas d'idée précise de ce qu'il serait mais que cela faisait partie de mes éventualités, puisque nécessitant un certain secret autour de son activité professionnelle.

Il sourit lorsqu'elle aborda la question de ses origines natales.

- Je pense que vous êtes capable de deviner par vous même cette réponse, Helen. Ne vous fiez pas tellement à mon prénom mais plus à mon nom de famille. Lilao. Qu'est ce que cela pourrait il bien vous évoquer ?

-Humm... Je pencherais pour Italie ou Espagne ! A votre accent, votre façon de vous habiller, de vous comporter avec moi et à voir d'où viennent vos chaussures, mon instinct me dirait de suivre l'option Italie...

- Puisque nous parlons des origines de chacun, êtes vous de votre coté une anglaise pure souche ? En tous les cas vous semblez assez fière d'habiter ici, si j'en crois vos chaussures à l'effigie de L'Union Jack.

Elle éclata d'un rire franc et mélodieux. Décidément, il commençait à lui plaire... Elle n'eut cependant pas le temps de répondre à ces interrogations car Eric revint pour passer commande.

-Avez-vous choisit ?

-Oui, alors ça sera une sole meunière pour moi.

-Et pour monsieur ?

Matt passa commande et choisit également le vin. Ils commandèrent une carafe d'eau, en supplément. Et Eric partit en cuisine.

-Donc nous disions ? Aaaah oui ! Et bien je ne suis pas anglaise de pure souche ! Ma mère était... est irlandaise. Mon père un pure British ! Et moi, j'aime la France ! Allez chercher l'erreur ^^

- Nous ne ressemblons pas toujours à nos parents.

Elle pensa qu'il n'avait que partiellement raison. D'une façon ou d'une autre, on finissait toujours par suivre leur traces, aux fameux parents. Elle repensa un court instant à sa mère puis se chassa cette triste idée de la tête.
Il reprit :
Mais cette fascination pour la France à sans doute quelque part une origine. Un voyage, un objet, un film peut-être ? De mon coté, mes deux parents sont italiens et c'est le cas sur plusieurs générations. On peut donc dire que je suis un produit pur souche. Et il est vrai que j'aime porter des habits de là-bas, mais il faut admettre que les tailleurs de la Botte ont un don pour les costumes masculins.

Elle observa le jeune homme prendre une gorgée et en fit de même avant de répondre à ses questions.

- En effet... La France est un pays qui m'a l'air fabuleux : je n'y suis malheureusement encore jamais allé mais je tente d'apprendre le français par moi-même, vu que dans le métier, savoir s'adresser aux gens dans leur langue ne peut être que bénéfique ! Et parfois, je flâne quand j'ai le temps à Portobello Road. Le quartier français. -jugea-t-elle bon de préciser au jeune italien qui ne devait pas trop fréquenter ce genre d'endroit- Et puis, la cuisine française, n'est-ce pas délicieux ?!
Aaaaah un italien de pure souche ! Ma quééé... Vous m'excuserez, ce sont les seuls mots que je connaisse en italien... Et puis, pas d'inquiétude, votre costume vous va très bien, comme je vous l'ai fait remarquer en arrivant !

Les deux "inconnus" se regardèrent intensément au même moment, sans savoir pourquoi. Et la demoiselle reprit une lampée de champagne.

- Je me montre peut-être curieux mais si vous aimez tant la France, pourquoi alors avoir choisi de vivre en Angleterre ? C'est paradoxal, non ? -continua Matt

"Ah ! Pourquoi posent-ils TOUJOURS ce genre de question ! C'est agaçant ! Il est peut-être comme les autres, en fin de compte..."

- Et bien... Oui, vous êtes curieux. Et en guise de réponse, je ne dirais que... Parce que c'est comme ça, parce que je n'ai pas eu d'autres choix que de suivre mes parents... -répondit-elle l'air irritée et irritable

Une tension était palpable à ce moment... Matt devait la resentir, il ne pouvait pas en être autrement. Mais la jeune femme, ne voulant pas gâcher la soirée pour autant, préféra changer de sujet. Elle prit une bouchée du petit pain chaud individuel typiquement français qu'elle savoura. C'est pile au même moment que les plats furent servis par le dénommé Eric.

- Le carré d'agneau en croûte -tendit-il au Lilao- et la sole meunière -ajouta-t-il en déposant l'assiette devant Helen

- ça sent divinement bon et ça m'a l'air délicieux, Eric ! Comme d'habitude.

- Ravi que celà vous convienne Mademoiselle. Bon appétit, messieur-dame.

- Merci -répondirent-ils en coeur

- Voilà pourquoi j'aime tant la gastronomie française et du même coup, la France ! -[i]répondit la britannique, l'air gourmand, un sourire laissant apparaitre ses jolies dents blanches et bien alignées

"Le cadre est vraiment idyllique. Je me demande ce qu'il en pense. Vas-y Helen, il est presque sous ton charme, on dirait !"

Elle prit le temps de déguster son filet et demanda au serveur s'il pouvait leur apporter de nouveau une carafe d'eau, ce que ce dernier s'empressa de faire.

- Au moins, je vois que nous partageons les mêmes goûts pour la bonne cuisine. Epicurien ?

Le jeune homme opina du chef. Et en guise de réponse bien explicite, dit :

- Puis-je proposer que nous débouchions cette bouteille qui a presque deux cent ans ?

- Faîtes mon cher, faîtes !

Elle ne s'y connaissait pas beaucoup en vins, auparavant. Mais depuis qu'elle "squattait" ce restaurant avec ces nombreuses conquêtes, elle avait pris goût à ce breuvage à la fois âpre et sucré, suave et délicat, bien qu'à consommer avec modération ! Le sommelier apporta ladite bouteille et les servit. Le jeune homme vit donc son verre se remplir et il dut donc goûter avant la demoiselle, telle la tadition l'exgeait.

- Je porte un toast à cette soirée en charmante et agréable compagnie.

Les deux jeunes européens levèrent leur verre et les firent tinter.

- A nous ! A cette soirée fort agréable, j'en conviens ! Et puis... Le plaisir est partagé. Et pas uniquement le visuel, d'ailleurs. Bîen sûr vous êtes séduisant. Mais je crois que je ne vous apprends rien -ajouta-t-elle en souriant, avec un clin d'oeil - Vous êtes quelqu'un de charmant, Matt. Je crois qu'il est temps que nous nous tutoyions... N'est-ce pas ?

- Je vous retourne le compliment. Je suis certain que vous avez du faire tourner la tête de bien des hommes, en toute modestie. Et je pense en effet que l'on pourrait se tutoyer. Après tout nous risquons de nous croiser souvent donc même si la politesse est une chose à respecter et que je ne peux faire défaut à mon éducation, cela est bien plus approprié.

Elle le regarda manger et en fit de même, s'autorisant même un petit excès en sauçant son assiette avec son pain, tant le goût plaisait à ses papilles. Elle but une gorgée du vin, délicieusement doux pour un vin rouge, ne s'alliant pourtant pas avec le poisson d'habitude. Mais cette bouteille était l'exception qui confirmait la rêgle.

- Disons qu'en effet, je pense qu'on peut dire, sans trop me vanter, que je plais à la gent masculine... -dit-elle en guise de toute réponse, le tout s'accompagnant d'un pincement de lèvres de satisfaction

- De toutes les façons je me dois de te remercier pour la découverte de ce restaurant. C'est une adresse que je risque de retenir maintenant lorsqu'une sortie sera dans mes idées. Comme quoi toutes les cultures gagnent à être connues. Et qui sait peut-être qu'un jour ce sera dans un restaurant français que nous aurons un autre repas.

- Ou bien que tu enmeneras d'autres futures conquêtes ! Qui sait ce que l'avenir lui réserve... ? Mais je pense que la prochaine fois que nous mangerons quelque part, si prochaine fois il y a, ça serait plus agréable d'innover ! Comme d'aller dîner dans un de ses petits restaurants indiens, aux saveurs exotiques ! Qu'en penses-tu ?
Mais je me doute que notre rencontre risque de chambouler quelque peu tes plans pour les jours à venir ! Un contrat en or à la clé, des jeunes femmes à séduire à la pelle, et juste quelques... désagréments à faire mais tu verras, rien de bien contraignant.

- J'avoue que ne n'avais pas vraiment prévu cela dans mon idée de ce qui se passerait les jours prochains, mais c'est bien mieux que ce que je pouvais avoir en tête. Vive les rencontres à l'improviste dans les lieux les plus surprenants en les conditions les plus singulières. En attendant la dernière partie du repas, puis-je me permettre de te proposer un petit tour de piste ?

Elle regarda dans cet ordre le jeune italien, puis la piste et les musiciens qui venaient de finir de s'accorder et entammaient un slow fort connu : Procol Harum.

- Très bonne idée, c'est d'ailleurs un de mes slows préférés ! Voyons voir si tu te débrouilles aussi bien sur un ring que sur une piste de danse, Matt Lilao...

Ils se levèrent, Matt lui prit la main et l'entraîna au beau milieu du restaurant, leurs corps se rapprochant forcément par soucis de danse (oui, un slow se danse rarement à 2m d'écart entre les danseurs ^^) et de place. D'autres couples étaient déjà en train d'onduler au rythme lent des cordes. Le chanteur entamma son deuxième couplet.